Le Sud-Tyrol italien s'offre à nous. Après l'atmosphère méditerranéenne de la cité thermale Merano, nous partons à la conquête de deux massifs relativement peu connus et sauvages : les Alpes vénostes et les Alpes de zillertal. Perdus entre langue latine et langue germanique, nous poursuivons notre route, seuls, au milieu de l'automne qui s'impose peu à peu dans les Alpes. Au bout de cette étape, la récompense sera de taille. Le Massif des Dolomites se trouvera face nous, après nous avoir fait de l'oeil sur une bonne partie de l'itinéraire sud-tyrolien.

Réalisée du 12 au 18 septembre 2021
Départ | Arrivée | Distance | Durée | Dénivelés positifs | Dénivelés négatifs | Pays traversés |
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Merano | Monguelfo | 167km | 7 jours | 10 680m | 9 860m | Italie |
La suite de notre périple doit nous amener en direction du Massif des Dolomites. Après les avoir aperçues brièvement depuis le massif en amont de Merano, il nous presse de découvrir ces montagnes qui semblent si singulières dans les Alpes. Mais il y a encore du chemin à faire pour atteindre les Dolomites et des massifs à traverser. Encore une fois, nous allons réaliser un pont entre deux Via Alpina : la jaune où nous nous trouvons et la rouge qui se situe près de la frontière autrichienne, dans le Nord du Sud-Tyrol.
Depuis Merano, la Via Alpina jaune descend encore un peu plus au Sud pour rejoindre la ville de Bolzano (- Bozen), une ville de 100 000 habitants, capitale de la région. Or, nous souhaitons rester en terrain montagnard. Et même si la Via Alpina jaune nous ferait arriver plus rapidement dans le Massif des Dolomites, rejoindre la Via Alpina rouge conduirait à des paysages un peu plus esthétiques et moins urbains. D'autant plus, qu'en arrivant par le Nord du Massif des Dolomites nous pourrons y effectuer un tour quasi complet avant de repartir vers l'Est.
Deux massifs doivent être franchis pour atteindre la terminaison de cette huitième étape, la ville de Monguelfo, porte d'entrée des Dolomites. Il s'agit des Alpes de Sarntal et des Alpes de Zillertal. Deux massifs que nous ne connaissions pas ni de nom, ni de paysage tant la renommée du Massif des Dolomites doit monopoliser l'attraction touristique de la région. C'est donc non pas une mais deux nouvelles découvertes qui nous attendent sur cette huitième traversée au coeur du Sud-Tyrol.
Nous ne ferons pas de journée de repos à Merano. Les prévisions météo semblent être plutôt bonnes, nous décidons donc d'en profiter. Nous avons assez pris de jours de repos à cause de la pluie en Suisse, c'est le moment d'enchainer la traversée avant que le temps automnal ne nous surprenne dans les montagnes italiennes.
C'est ravitaillés à bloc que nous partons de Merano (de gauche à droite) : riz, lentilles corail, bichocos, fruits secs, semoule, café, purée mousseline, sauces, polenta, nouilles, céréales, plats lyophilisés.
Pour atteindre les premières pentes des Alpes de Sarntal, il nous faut une nouvelle fois traverser les cultures de pommiers. En face, les Alpes de l'Ötztal que nous avons dévalé la veille.
La montée sera rude depuis Merano. La chaleur de la vallée nous a accompagné une bonne partie de la montée en direction du sommet de Lauwand. Peu avant ce sommet, vers 2200m, un sentier qui devait nous faire rejoindre le domaine skiable de Merano 2000 s'est avéré assez délicat à trouver et à emprunter. Nous avons même cru à un moment devoir faire demi-tour pour retrouver un chemin praticable. Mais péniblement, nous arrivons tout de même à effectuer cette traversée légèrement escarpée entre troncs d'arbres et petites barres rocheuses.
Nous retrouvons la foule une fois sur le domaine skiable de Merano 2000. Nous nous dépêchons de quitter les montagnes en surplomb de Merano pour rentrer à l'intérieur du Massif des Alpes de Sarntal. En quelques minutes, nous passons du tout au tout, la foule se dispersant et les grands espaces se dévoilant.
C'est au fond de cette vallée que nous terminerons cette journée avec un bivouac établi près du village de Sonvigo (- Aberstückl).
La journée suivante, c'est un long chemin d'arêtes que nous emprunterons quasiment au centre géographique du massif pour rejoindre, ensuite, son extrémité Nord-Est. À moitié hors et sur des sentiers, nous arpenterons les pentes sauvages et arides de ce massif sans croiser un seul randonneur.
Le sentier suit les arêtes entre le Monte Corlo (- Hurler) et la Cima di Quaire (- Karnspitze). Au niveau de ce dernier sommet, nous déciderons de continuer sur les arêtes mais cette fois hors sentier. Initialement, nous devions descendre en fond de la vallée pour remonter ensuite vers un nouveau col. Or, les arêtes nous semblent praticables et sans difficultés, même hors sentier, ce qui nous permettrait de rejoindre plus directement le chemin menant au prochain col : la Forcella Vallaga (- Flaggerscharte).
Au Sud, les montagnes cisaillent la vallée qui, à son extrémité, nous amènerait vers Bolzano.
Nous atteignons le Rifugio Forcella Vallaga (- Flaggerschartenhütte) et son petit lac.
Derrière la Forcella Tramin (- Traminer Scharte), les immenses cumulonimbus sortent au-dessus de l'arête. Les Alpes autrichiennes doivent être bien arrosées.
Nous franchissons un nouveau col, le Hörtlahner Scharte, et nous débouchons sur un grand pierrier suivi d'un petit alpage où quelques moutons broutent l'herbe grillée par l'été et les premières températures négatives de ces derniers temps. À droite, nous apercevons les Alpes de Zillertal que nous atteindrons le lendemain.
La journée de transition entre les Alpes de Sarntal et les Alpes de Zillertal s'effectue en trois temps : une descente de la Forcella Tramin, une traversée de la bruyante Vallée de l'Isarco et une montée ardue vers le Lago di Selvaggio. La Vallée de l'Isarco fait la liaison entre le Tyrol autrichien et le Sud-Tyrol italien en reliant notamment les deux capitales régionales : Bolzano et Innsbruck. De nombreuses infrastructures sont présentes en fond de vallée : autoroutes, voies de chemin de fer, usines, pistes cyclables. Rien de bien fameux pour nous randonneurs, mais nous n'avons pas le choix. Il faut traverser cette vallée pour retrouver les montagnes. Nous relierons les Alpes de Sarntal et les Alpes de Zillertal par deux petits villages aux noms bien spéciaux : Le Cave (- Grasstein) et Mules (- Mauls).
Panorama des Alpes de Zillertal depuis le Gansörscharte 2551m. Au centre, on aperçoit le sentier qui nous conduira au Lago di Selvaggio.
Puis nous arrivons au grand Lago di Selvaggio (- Wilder See) situé à 2500m d'altitude. La douche sera particulièrement fraîche.
Après une nuit où nous avons eu du mal à réchauffer notre nez, c'est une traversée à haute altitude qui nous attend. Nous franchirons pas moins de six cols ce jour-là. Nous emprunterons la Alta Via di Frundres (- Pfunderer Höhenweg), un sentier alpin reliant la ville de Vipiteno (- Sterzing) à Brunico (- Bruneck). Nous n'effectuerons pas la traversée complète de ce sentier puisqu'au niveau du Lago di Neves, nous mettrons pied de nouveau sur la Via Alpina rouge.
Malgré un temps beaucoup plus nuageux que la veille, les précipitations se cantonneront à une légère bruine au moment de déjeuner. Ce sentier s'effectue majoritairement en balcon dans un environnement très minéral. Un col en particulier nous réservera une petite surprise lors de son franchissement.
Signe que nous avançons plutôt rapidement, une partie des Dolomites ne se situe plus à l'Est mais au Sud de notre position. Ici, on aperçoit le Parco Naturale Puez-Odle et le sommet de la Marmolada reconnaissable avec son glacier. Le temps est lumineux au réveil, mais rapidement, les nuages recouvriront le paysage.
On quitte le Lago di Selvaggio pour gravir le premier col : le Rauhtaljoch 2807m qui constituera le plus haut des six cols du jour.
Entre deux cols, un plateau de ruisseaux asséchés s'étend sous nos pieds.
On suit les balcons entre les différents cols grâce à ces indications circulaires rouge et blanche indiquant la Alta Via di Fundres.
Après le Rauhtaljoch nous franchissons successivement Steinkarscharte, le Kellerscharte, où nous croiserons la Via Alpina rouge tout en restant sur la Alta Via, le Dannelscharte, le Gaisscharte et enfin le Eisbruggjoch. Tous situés à une altitude variant de 2400 à 2700m. C'est l'avant dernier col, le Gaisscharte 2700m qui sera le plus coriace non seulement avec une longue montée dans un pierrier puis sur son autre versant, une cheminée d'une trentaine de mètres où quelques câbles et barres de fer nous aideront à nous extirper de ce petit passage délicat.
Nous mettons tout de même une bonne demi heure pour franchir cette cheminée. Une fois dedans, le caractère vertigineux de ce passage nous appelle à la prudence et à la délicatesse à chaque pas.
Après cette petite montée d'adrénaline, on surplombe le Lago Ponte di Ghiaccio (- Eisbruggsee) puis nous atteignons le dernier col de notre étape où nous regarderons avec envie les randonneurs au chaud dans la Edelrauthütte. Pour nous, ce sera la fraicheur de l'alpage au-dessus du Lago di Neves (- Neves Stausee) et une bonne purée mousseline sauce champignon pour réchauffer tout ça. Nous reprenons pied sur la Via Alpina rouge au niveau de ce dernier col.
La pluie fait son grand retour dans la nuit mettant en péril la réalisation de l'étape suivante. En effet, nous devions effectuer un sentier d'arêtes pour rejoindre la ville de Campo Tures (- Sand in Taufers) mais le temps est trop humide et instable pour que l'on se rende si haut en toute sécurité. Nous restons donc au niveau de la vallée en rejoignant le petit village de Lappago (- Lappach) avant de prendre la navette jusqu'à la ville sur une quinzaine de kilomètres. Ceci nous permettra de nous ravitailler une dernière fois avant la terminaison de la huitième traversée.
Lago di Neves.
Avec l'humidité ambiante, nous optons pour la réservation d'un hôtel à Campo Tures. Ce fut le meilleur rapport qualité/prix de notre Via Alpina : une chambre spacieuse, une piscine intérieure, un sauna et un petit déjeuner très copieux où les produits locaux sont en quantité. Le tout pour une petite centaine d'euros la nuit, à deux. Donc si vous vous rendez à Campo Tures, notez l'Hôtel Mirabell !
Le lendemain, le soleil est de retour. Nous ne reprenons pas directement la Via Alpina rouge. Nous préférons nous diriger vers le Sentier des Cascades quitte à faire un peu de route par la suite avant de monter vers le prochain col.
On se dirige vers la Forcella Valfredda (- Gemsbichljoch) 2761m. En grimpant dans l'alpage, on fait la rencontre d'un troupeau de chèvres. Sentant l'automne arriver, elles prennent le chemin inverse et descendent vers la vallée.
Les 3000 des Alpes de Zillertal se dévoilent enfin. Tout à gauche du panorama, le Gran Pilastro (- Hochfeiler) 3509m se fait encore embêter par quelques nuages. Il s'agit du point culminant des Alpes de Zillertal, situé sur la frontière austro-italienne.
Quelques petits glaciers refont leur apparition non loin du col. Le Glacier du Geltalferner se termine dans un petit lac verdâtre où flottent quelques icebergs.
Une fois à la Forcella Valfredda, les Dolomites s'élancent au Sud. On aperçoit même Tre Cime légèrement sur la droite. Il ne nous reste plus qu'une chaine de montagnes à franchir (au premier plan) pour les atteindre.
Dans cette descente, nous avions remarqué un bivacco sur notre carte. Cependant, il s'est révélé trop peu équipé pour nous servir d'abri pour la nuit. Ce dernier sert surtout pour se protéger des intempéries, pas plus. Nous descendons donc jusqu'en fond de vallée où nous bivouaquerons non loin du village de Anterselva di Mezzo (- Antholz Mittertal). Cette nuit-là, nous entendrons pour la première fois le brame du cerf résonnant dans la forêt d'à-côté.
Le lendemain, nous ne suivrons pas totalement la Via Alpina rouge pour rejoindre la ville de Monguelfo. Nous privilégierons une traversée de la chaine montagneuse par les arêtes et les alpages au simple franchissement d'un col et d'une traversée en fond de la vallée. Nous partons donc à l'assaut du Amperspitze, dernier sommet avant les Dolomites.
Quelques pics dolomitiques sortent des nuages.
Depuis Monguelfo, le Picco di Vallandro (- Dürrenstein) 2842m constitue le premier sommet des Dolomites que nous côtoierons.
Nous terminons cette huitième étape en chutant vers Monguelfo (- Welsberg), petite ville située à l'entrée Nord du Massif des Dolomites. Nous profitons des commerces pour nous ravitailler en nourriture et en argent liquide avant de nous éloigner quelques kilomètres pour notre bivouac.
Malheureusement, pour notre premier jour dans les Dolomites, le temps s'annonce maussade et orageux. Nous ne savons pas si nous aurons la chance de profiter de la vue sur le Lago di Braies (- Pragser Wildsee) le lendemain. Quoiqu'il en soit, la traversée du Sud-Tyrol par les massifs méconnus des Alpes de Sarntal et de Zillertal s'est révélée intéressante. Même si une meilleure météo sur la Alta Via di Fundres aurait été la bienvenue. Les paysages aperçus dans ces deux massifs ont été différents de ceux contemplés jusque-là en Italie : plus arides, plus secs, moins touristiques, plus sauvages. Ces deux derniers aspects changeront radicalement dans le Massif des Dolomites.
ITINÉRAIRE DE LA TRAVERSÉE :
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