- Le Grand Som 2026m et le Petit Som par le circuit des cols

Publié le 3 mars 2025 à 14:05

Réalisée le 03 mars 2025

 

4, pas un de plus. C'est le nombre de sommets du Massif de la Chartreuse dépassant la barre fatidique des 2000m d'altitude : Chamechaude 2082m, la Dent de Crolles 2062m, les Lances de Malissard 2045m et le Grand Som 2026m. Autant dire que ce massif préalpin est surtout dominé par les vastes forêts qui tapissent ses vallées et ses larges cols. C'est d'ailleurs cet environnement luxuriant qui lui vaudra l'appellation d'Emeraude des Alpes par Stendhal au XIXème siècle.

Au-delà de ces forêts, où les fayards prédominent en versant Sud et les épicéas en versant Nord, se dressent des sommets singuliers qui se distinguent particulièrement bien les uns des autres. Ainsi, les quatre Grands de Chartreuse règnent sur ce petit massif, offrant des points de vue époustouflants sur le reste de la région. Plutôt situés sur la partie Sud et iséroise du massif, on s'intéressera au plus modeste et au plus septentrional d'entre-eux : le Grand Som 2026m.

Ici, pas de bizarrerie toponymique, on suit l'ancien français de ''Sommet''. Au Moyen-Age, vers le XIIème siècle, on utilisait le terme de ''Som'', provenant lui-même du Latin ''summum'' pour désigner certains points hauts. Et il est vrai que malgré son altitude tout à fait relative dans les Alpes, son élégance et sa proéminence au-dessus des Gorges du Guiers Mort et des forêts chartrousines justifient à bien des égards ce titre. Plus au Sud du Grand Som, on retrouve le même toponyme sur une montagne au relief beaucoup plus doux que son homologue du Nord : le Charmant Som 1867m.

L'ascension des 2000 de Chartreuse ne présente pas de difficulté particulière sur leur voie normale. C'est pourquoi, on tente de pimenter la randonnée par un circuit parcourant quelques unes des nombreuses variantes quadrillant le Grand Som, d'autant que l'hiver semble déjà à son terme au vu des températures printanières et de la faible quantité de neige sous les 2000m d'altitude.

Bien qu'au début de ce mois de mars, il n'y ait que la liqueur qui soit couleur émeraude, on se lance, depuis le Col du Cucheron, à l'assaut d'un Grand Som tacheté de neige. L'objectif étant de réaliser successivement l'ascension du Grand puis du Petit Som tout en les reliant par les multiples cols qui basculent de part et d'autre de ces deux sommets.

 

L'ascension du Grand Som par ses deux passages vertigineux : le Racapé et les Arêtes de la Suiffière. 

 

Alors que l'ascension classique vers le Grand Som se situe dans les environs du Monastère de la Grande Chartreuse, on opte pour un départ au Col du Cucheron séparant les communes de Saint-Pierre de Chartreuse et de Saint-Pierre d'Entremont. De là, la montée sera radicale car mis à part au replat induit par le passage du Col des Aures, on ne fera que s'élever, parfois sensiblement, vers la cime du Grand Som. 

 

Au départ du Col du Cucheron 1139m, la cohue hivernale a bel et bien pris fin sur les quelques pistes de la station du Planolet. L'ombre de la forêt protège encore quelques traces de neige mais le printemps semble bien en place sur la Chartreuse. A droite, on devine les Lances Nord de Malissard suivies du Colleret, du Sommet du Pinet puis du Mont Granier et de son col. Derrière le col, le Mont Margériaz est le premier sommet des Bauges à se faire une place dans le paysage.

 

 

 

 

 

 

Dès le début, on s'engouffre dans une forêt aux allures plus printanières qu'hivernales. D'ailleurs de nombreuses Nivéoles de Printemps éclosent dans le sous-bois. La neige est totalement absente sur cette portion. On profite même d'un fin filet d'eau dans le lit du Ruisseau du Couzon pour se ravitailler avant d'entamer les quelques lacets en direction du Col des Aures. 

Les oiseaux s'égosillent et zinzinulent avec cette poussée du printemps contrastant avec l'aspect quelque peu terne de la forêt et de la montagne après des semaines de gel et de neige.

 

On émerge de la forêt au niveau du Col des Aures 1639m. La neige se fait plus présente mais pas de quoi empêcher notre progression vers le sommet. On contemple la Chartreuse du Nord et la Chartreuse du Sud ainsi que les quelques chamois qui s'excitent et qui profitent du soleil et de la douceur.

 

Dent de Crolles et Chamechaude se partagent la Chartreuse du Sud.

 

A notre arrivée, ils déguerpissent vers des reliefs beaucoup plus abrupts. Libérant ainsi le passage vers la suite de l'ascension.

 

 

Après le Col des Aures, les choses se corsent pour la poursuite de l'ascension. On butte contre une paroi que l'on devra contourner par la gauche via un sentier exposé et câblé : le Passage du Racapé que l'on devine à gauche ci dessus. Le sentier s'élève tout d'abord dans des gradins herbeux avant d'enchainer quelques ressauts rocheux et quelques failles. La progression n'est pas difficile mais certains passages sont exposés au vide et la neige, ou du moins l'humidité, peut rendre certaines voies périlleuses.

 

Début du Passage du Racapé. Au loin, le Mont Blanc se fait une place au-dessus des Hauts de Chartreuse.

 

 

 

 

 

 

Une fois le Racapé franchi, le chemin se subdivise en deux : l'un part vers le Pas de la Suiffière, l'autre continue son ascension vers le sommet du Grand Som. La neige recouvre de plus en plus les pentes de la montagne mais on arrive tout de même à éviter de trop s'enfoncer en sautillant au-dessus des névés ou en restant sur les pentes les mieux exposées.

Sur une centaine de mètres, on poursuit dans un couloir large et peu incliné avant d'atterrir sur une pente plus douce reliant directement le sommet.

Quelques sommets belledonniens émergent des Lances de Malissard : Grand Miceau, Grand Charnier, Pic du Frêne, Pointe du Bacheux, Grand Morétan et Puy Gris.

 

A la fin du couloir, la croix sommitale apparait en amont. On se décale sur la pente de droite puis on pique vers cette dernière à vue.

 

 

Après 2h30 d'ascension, on prend pied sur le sommet du Grand Som 2026m. Positionné au coeur du Massif de la Chartreuse et largement séparé de ces voisins chartrousins, on bénéficie d'un panorama splendide sur l'Isère au Sud et les massifs savoyards au Nord. Les métropoles sont camouflées par les sommets, ainsi Grenoble, Voiron et Chambéry par exemple ne viennent pas gâcher le caractère sauvage de cette vue. Seules les petites communes du massifs et du Nord-Isère s'incrustent dans les fonds de vallées et les plaines.

 

 

 

Plus de 1000m en contrebas du sommet, le Monastère de la Grande Chartreuse s'érige au milieu de la forêt. 

Construit au XIème siècle dans ce coin de nature réputé pour son isolement et son silence, l'Ordre des Chartreux y exerce depuis lors ses rites mais également d'autres activités devenues incontournables dans la région, et notamment la fabrication de la célèbre liqueur. 

Aujourd'hui encore, une trentaine de moines consacrent leurs croyances entre ces murs et dans ces environs. Le respect du silence et du calme des lieux sont des aspects fondamentaux non seulement pour les moines mais également pour les passants et les randonneurs.

 

 

Le Monastère de la Grande Chartreuse et la Grande Sure 1920m.

Le Habert de Billon et les Terres Froides en arrière-plan.

La liqueur de Chartreuse n'est pas aussi vieille que cet ermitage. En effet, cette dernière fut créée officiellement en 1840 en tant que liqueur commercialisée. Avant cette date, il existait déjà des élixirs de ce genre produits par les Chartreux mais leur consommation était davantage effectuée pour rester en bonne santé. 

L'histoire de la liqueur n'a pas été de tout repos, à l'instar de l'établissement de la congrégation religieuse de l'Ordre des Chartreux. A la fin du XIXème siècle, sous la Troisième République et pour imposer d'une certaine manière la primauté du régime républicain, une succession de loi viennent dissoudre et expulser les congrégations religieuses non-autorisées, notamment via les décrets du 29 avril 1880. Une ordonnance permit toutefois aux moines Chartreux de se maintenir mais uniquement jusqu'en 1903 où leur demande d'autorisation fut rejetée.  Le 29 avril 1903, les moines sont expulsés de France et certains se réfugient en Espagne, près de Tarragone d'où ils poursuivent la production de la liqueur. Au même moment, en France, on tente de reproduire la recette de la Chartreuse, en vain. 

Ainsi, durant une grande partie de la première moitié du XXème siècle, la liqueur de Chartreuse est fabriquée en Espagne sous le nom de Tarragone. Même si à partir de 1921, ils se voient officieusement autorisés par le gouvernement français l'ouverture d'une distillerie à Marseille, il faudra atteindre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour que les moines soient de nouveau autorisés à résider en France. Mais ce n'est qu'en 1989 que la distillerie de Tarragone ferme et que la production de la liqueur de Chartreuse se relocalise intégralement en Isère. 

Comme ce fut le cas depuis le début, la recette de la Chartreuse n'est connue que de quelques frères chartreux. Actuellement, seulement deux moines connaitraient la véritable recette de la Chartreuse et superviseraient de fait la production. Production établie et limitée à 1,6 millions de bouteilles par an, pas plus, pas moins dans une démarque éthique et responsable. Parmi les 130 ingrédients qui composeraient la liqueur de Chartreuse on y trouverait non seulement des plantes mais également des fleurs, des racines, des épices, des baies et même des écorces. 

 

L'antécime Nord du Grand Som avec le Nord-Isère et l'avant-pays savoyard à sa gauche et les Préalpes savoyardes ainsi que le Mont Blanc à sa droite.

 

Depuis l'antécime Nord, le Petit Som devient visible au centre-droit. Sur la gauche, le Col de la Ruchère est totalement libéré de la neige alors que le Col de Mauvernay est encore bien blanc.

 

 

Toujours en direction du Nord, on voit une trace dans la neige. Il s'agit du Sentier des Moutons, la voie normale du Grand Som depuis les alpages de Bovinant. Nous n'emprunterons cependant pas ce chemin. On préfèrera un itinéraire beaucoup plus esthétique présent au Sud : les Arêtes de la Suiffière.

Sur 200m de dénivelés, le sentier suit fidèlement le fil de la crête entre le Grand Som et le Pas de la Suiffière. En l'absence de quantités de neige trop importantes, le sentier de l'Arête de la Suiffière est plus vertigineux que technique ou dangereux. Les prises sont nombreuses et la roche plutôt stable dans son ensemble. Des flèches rouges en voie de disparition sont par moment visibles sur quelques blocs aidant ainsi à la progression sur la crête.

 

Au Sud, le Vercors et le Diois s'incrustent derrière Chamechaude, le Col de Porte et La Pinéa. On devine le Jocou, la Montagnette, le Mont Aiguille, le Grand Veymont, le Moucherotte ou encore les Trois Becs.

 

Derrière la Chaîne de Belledonne, quelques sommets de la Vanoise s'érigent dans les faiblesses du massif : Mont Pourri, Grande Casse et Aiguille de Péclet par exemple.

 

L'Arête de la Suiffière depuis le sommet du Grand Som. On a l'impression de plonger sur Saint-Pierre de Chartreuse. L'exposition plein Sud de ce versant a permis un déneigement quasi complet notamment sur la partie haute de l'arête.

 

Durant la descension, la vue est imprenable de part et d'autre de l'arête : Mont Blanc, Belledonne, Taillefer, Chamechaude, Vercors. 

 

Plein Nord, c'est la cime pyramidale du Grand Som qui guette notre progression. L'imposante croix sommitale faite de fer rouge s'éloigne au fur et à mesure que l'on descend vers le Pas de la Suiffière.

 

On arrive finalement sans embûche au Pas de la Suiffière 1810m, tout près du sommet éponyme. Ce col se situe sur un croisement : soit on repart vers le Racapé, soit on descend le pas pour basculer sur le versant Ouest du Grand Som. On décide de partir à la découverte du versant occidental de la montagne, surtout que nous n'avons pas bien le choix pour relier le Petit Som, notre prochain objectif.

La descente du Pas de la Suiffière ne présente normalement aucune difficulté, mais la neige vient rajouter de l'instabilité et un risque de glissade. On chausse ainsi les crampons pour relier le pied du col et les pierriers.

 

La traversée du Pas de la Suiffière jusqu'au Petit Som.

 

Sous le Pas de la Suiffière, un discret sentier part dans les pierriers comblant le pied de l'arête Sud du Grand Som. Il s'agit d'un sangle reliant le Pas de la Suiffière au Col de Mauvernay. Relativement peu emprunté, il constitue une magnifique alternative pour contourner le Grand Som sur son versant Ouest. Il faut toutefois bien analyser le manteau neigeux avant de s'y rendre car de nombreux couloirs d'avalanche jalonnent la traversée. Du reste, c'est davantage les chutes de pierres qui constituent le principal danger sur ce sentier. 

A noter que ce sangle, même s'il n'est pas indiqué par la signalétique sur le terrain, est visible sur les cartes IGN.

 

On finit par se retrouver pile en dessous de la croix du Grand Som. Encore une fois, les randonneurs sont absents des sentiers, très bien remplacés par des groupes de chamois venus paitre sur les pentes sud et dégarnies.

 

Le second cirque à traverser avant d'atteindre le Col de Mauvernay est un peu plus abrupt que le premier. La neige se fait d'ailleurs plus présente au vu de l'exposition moins méridionale des pentes. Les crampons sont une nouvelle fois indispensables pour progresser en toute sécurité d'autant plus que le cirque se termine par une paroi rocheuse.

 

Une fois le cirque dit du Rialet franchi, on arrive au Col de Mauvernay 1774m. Le Grand Som impose encore sa paroi Ouest car nous sommes encore en réalité tout proche de sa cime. A partir de ce col, on s'éloigne véritablement du Grand Som en direction de son petit frère.

 

Au Col de Mauvernay on remet pied en hiver pendant quelques minutes, le temps de descendre la petite centaine de mètres qui sépare le col du Habert de Bovinant. Ce vallon caché sous les parois Nord du Grand Som est particulièrement sauvage et silencieux, ce qui contraste de la saison estivale où les troupeaux d'ovins piétinent ces pentes accompagnés des cris incessants des marmottes du coin.

 

 

Nous n'irons pas jusqu'à toucher du doigt le Habert de Bovinant. On bifurquera juste avant pour nous rendre en direction du Petit Som que l'on aperçoit sur la gauche. Bien qu'un sentier soit plus direct depuis le habert puis le Col de Léchaud, on prend la direction du Pas du Loup pour éviter de réaliser un aller-retour vers ce sommet secondaire. Le Col de Léchaud constituera ainsi la poursuite de notre itinéraire après avoir atteint le Petit Som.

 

 

 

Rapidement on atteint le Pas du Loup, passage assez restreint sur l'arête Sud du Petit Som entre deux pans de roches, comme si l'on s'engouffrait dans la gueule du canidé. 

Ce pas nous permet de basculer sur le versant Ouest du Petit Som, sur l'alpage qui chute vers le Col de la Ruchère. Nous n'irons pas jusqu'à ce col, on stoppera notre course vers l'Ouest au moment de mettre pied sur le sentier grimpant vers le Petit Som.

Sous le Petit Som (c'est le nom du croisement), le sommet nous domine avec sa collerette rocheuse. On voit également le Grand Som tout à droite. Pour atteindre le Petit Som, il suffit de piquer tout droit dans l'alpage en dévers en direction du couloir que l'on devine à peine dans la faiblesse de l'arête sommitale.

 

Dernier regard sur le vallon où loge le Monastère de la Grande Chartreuse. Au-delà, Chamechaude, le Charmant Som et les Rochers de Chalves se partagent le paysage.

 

 

 

 

 

Contrairement à l'alpage, le couloir d'accès au sommet du Petit Som est encore bien enneigé. Mais le flux de randonneurs a créé un bel escalier nous conduisant en toute sécurité sur l'arête. 

La croix sommitale du Petit Som 1761m est en approche. On fait une nouvelle fois face à la Chartreuse savoyarde dont on distingue le Mont Outheran et le Mont Granier entre autres.

 

Le Mont Blanc s'installe entre le Mont Granier et le Sommet du Pinet. Tout à gauche du premier, on voit bien l'éboulis qui menace la croix du sommet Nord du Granier.

 

Le Petit Som permet une vue imprenable sur la face Nord Ouest de son grand frère. On pourrait presque croire que la neige est encore en quantité sur cette montagne. A droite et sous le Grand Som on devine le Col de Mauvernay et le vallon par lequel nous sommes descendus un peu plus tôt dans la journée.

 

Au-dessus du Vallon de Léchaud : le Mont Granier, le Sommet du Pinet, les Rochers du Fouda Blanc et la Dent de l'Ours.

 

Succession de cols entre les versants Ouest et Est du Grand Som.

 

 

 

 

 

 

L'ascension du Petit Som constitue la zone la plus occidentale de notre périple. Il nous faut maintenant retrouver le versant Est du Grand Som et le départ de la randonnée. 

C'est une succession de cols et de crêtes qui nous permettra de basculer en amont du Col du Cucheron. Et pas des moindres car le Col du Frêt est la dernière inconnue en ce qui concerne la praticabilité du terrain en termes d'enneigement et de risque de glissade. 

On ne perd donc pas de temps au sommet du Petit Som, la luminosité s'abaissant déjà au-dessus des Alpes. On part retrouver les alpages de Bovinant via le Col de Léchaud, point de départ de l'ascension du Col du Frêt.

Sur les hauteurs des alpages de Bovinant, on a une vue d'ensemble de l'arête Nord du Grand Som s'étalant du sommet à droite jusqu'à la Dent de l'Ours 1820m à gauche. Un peu avant cette dernière, au-dessus de pentes enneigées, on devine le Col du Frêt.

 

Près du Habert de Bovinant, on pose une dernière fois notre regard sur le Grand Som et le Col de Mauvernay. Sur le reste et la fin de l'aventure, le Grand Som sera occulté par son imposante arête Nord.

 

Arrivé au Col de Bovinant 1646m, on devine encore mieux le Col du Frêt sur la droite. On remarque d'ailleurs les traces qui partent à l'assaut de ce passage encore bien enneigé à cette période. On rechausse les crampons pour éviter de perdre l'équilibre et de se faire ainsi moquer par les nombreux chamois qui peuplent les lieux.

 

On suivra finalement davantage les traces des caprinés que celles de nos congénères, ces dernières filant dré dans l'pentu sans atteindre véritablement le Col du Frêt.

 

Depuis le Col du Frêt 1750m, on domine le Col de Bovinant. Au loin, la Grande Sure se prépare pour le coucher du soleil.

 

Dernier passage délicat de ce tour du Grand Som : la descente du Col du Frêt. Initialement atteignable via pas moins de 120 lacets sur son versant oriental, il est aujourd'hui constitué d'un immense couloir de neige chutant de 300m vers la forêt. 

Doucement mais surement, on descendra tout droit dans le couloir où la neige, aussi stable soit-elle, rend la descension bien plus impressionnante que l'on ne l'imaginait.

Encore une fois, les chamois sont en nombre sur ce flanc abrupt. Ils se carapatent un a un de l'autre côté du couloir chutant du Col du Frêt. 

 

 

 

 

Pendant la descente du Col du Frêt, il ne faut cependant pas effectuer une chute rectiligne vers le pied du col. Quelques barres rocheuses cisaillent par moment ce versant. Il faut être attentif aux quelques balisages qui permettent de deviner le sentier et les lacets qui se cachent sous la neige. 

Sur la partie basse, la neige se fait moins présente et on suit plus tranquillement le sentier originel du Col du Frêt. On soulage nos cuissots meurtris par des dizaines de mètres en équilibriste en contemplant la lumière fuyante sur la Chartreuse Nord.

Il est important de noter qu'avec une trop grande quantité de neige, notamment fraiche, il aurait été périlleux voire impossible de franchir le Col du Frêt. Il est donc primordial de ne pas s'y rendre trop tôt dans la saison.

L'entièreté des Lances de Malissard. Le culmen de ce chainon se trouvant près de son extrémité Sud (à droite), côté à 2045m. Ce qui en fait le troisième sommet du Massif de la Chartreuse.

 

Encore plus au Sud, c'est le second sommet de Chartreuse qui émerge de la Crête des Aures : la Dent de Crolles 2062m, accompagné de la Scia 1791m, sommet boisé et ensoleillé sur la gauche.

 

 

Au pied du Col du Frêt, au niveau des Tourbières des Granges de Bovinant, on est encore loin d'avoir terminé notre épopée. Il nous faut remonter (encore !) le vallon comme si nous nous rendions à nouveau au Col des Aures via un sentier assez discret et peu voire pas du tout balisé. Il poursuit dans le vallon avant de franchir la Crête des Aures, ultime obstacle avant de pouvoir véritablement descendre vers le Col du Cucheron. 

Il est cependant possible de ne pas remonter vers la Crête des Aures. On peut directement descendre depuis les Tourbières en se rendant vers le hameau des Arragons, via les Combes. Mais dans ce cas de figure, une fois au petit village, il faudra de toute manière rejoindre le Col du Cucheron situé plus au Sud, 200m en amont.

 

Les Lances de Malissard Sud depuis la Crête des Aures.

 

C'est finalement à la nuit tombée que nous atteignons le Col du Cucheron après quelques kilomètres dans la pénombre de la forêt chartrousine. Au départ de ce col, on peut partir découvrir les passages plus ou moins secrets du Grand Som et de ces différents versants. Ces multiples itinéraires - Racapé, Arête de la Suiffière, Sangle de Mauvernay, Col du Frêt - ne sont pas à prendre à la légère et les conditions météo et de nivologie sont à analyser finement pour profiter et non subir ces passages.

Ainsi, dans le silence qu'induit cette zone montagneuse, au-delà du respect du rite de l'Ordre des Chartreux, cela vous permettra de croiser le chemin des nombreux chamois qui arpentent cette montagne et de vous imprégner pleinement de l'ambiance alpine et bucolique de la Grande Chartreuse.


ITINÉRAIRE DE LA RANDONNÉE : 

 

  • Départ/Arrivée : Parking du Col du Cucheron - km 0
  1. Col des Aures - km 2,8
  2. Passage du Racapé - km 3,1
  3. Le Grand Som 2026m - km 3,8
  4. Arête de la Suiffière - km 4
  5. Pas de la Suiffière - km 4,4
  6. Col de Mauvernay - km 5,6
  7. Habert de Bovinant - km 6,6
  8. Pas du Loup - km 7,3
  9. Bifurcation sous le Petit Som - km 7,8
  10. Petit Som - km 8,3
  11. Col de Léchaud - km 8,6
  12. Col de Bovinant - km 9,2
  13. Col du Frêt - km 9,7
  14. Tourbières des Granges de Bovinant - km 11
  15. Crête des Aures - km 12,8
Le Grand Som Trace Gpx
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