- Haute Cime des Dents du Midi 3257m depuis les hauteurs de Samoëns et le Col des Ottans

Réalisée le 05-06 juillet 2022

 

En ce début d'été 2022, les orages balaient chaque jour une partie de l'Hexagone : un coup l'Ouest et le Centre, un coup le Nord-Est et depuis quelques jours c'était au tour du centre-Est et des Alpes d'être touchés. Dans les Alpes, ils n'ont pas été d'une violence inouïe contrairement à d'autres régions françaises mais ils décourageaient de se rendre en montagne, et notamment à haute altitude. La poussée anticyclonique est attendue dans le milieu de semaine rendant la masse d'air beaucoup moins instable et le hasard du calendrier a voulu que je me retrouve en Haute Savoie cette même semaine. C'était donc l'occasion de gravir un sommet du coin mais encore fallait-il savoir lequel. Mon attention se fixe alors sur le Massif du Giffre qui bénéficie d'atouts dans la région : Tour des Fiz, Cirque du Fer-à-Cheval, Mont Buet, une vue imprenable sur le Mont Blanc, le Désert du Platé ou encore les Dents du Midi. Et c'est cette dernière option qui remporte la mise. Mais il ne s'agira pas d'une simple ascension du point culminant du chaînon des Dents du Midi, Haute Cime 3258m, mais d'une expédition de deux jours à travers le Haut-Giffre et ce depuis la France, en amont de la petite station de Samoëns.

Les Dents du Midi constituent le point le plus haut du Massif du Giffre. C'est également les premiers 3000 suisses à l'Ouest de la confédération. Les Dents du Midi sous un sous-massif entièrement situé en Suisse et s'étalant sur 3km. Elles sont composées de sept sommets, tous dépassant les 3000m. Haute Cime se situe à l'extrémité Sud-Est du massif et malgré le fait d'être le culmen des Dents du Midi, elle est paradoxalement le sommet le plus accessible du chaînon avec une petite sente grimpant vers sa cime depuis le Col de Susanfe.

Au cours du XIXème siècle, ces montagnes sont prénommées ''les Dents de Zallen'' par les habitants du pied de la montagne, ceux du Val d'Illiez. ''Zallen'' signifiant ''haut pâturage dénudé'' en patois tsalin. Ce n'est qu'au cours du XXème siècle que la dénomination ''Dents du Midi'' semble s'imposer. Et il y a bel et bien un lien avec l'horaire. Vue du Val d'Illiez, à droite des Dents du Midi, on trouve la Dent de Bonavau, autrefois appelée ''la Dent d'Une Heure''. A leur gauche, se situe la Dent de Valère, autrefois appelée ''la Dent de Onze Heures''. Ainsi, en fonction de la position du soleil, les habitants du Val d'Illiez savaient approximativement l'heure, les montagnes surplombant cette vallée formant une gigantesque horloge géologique.

Après cette magnifique histoire toponymique, il faut donc se diriger vers le départ de la randonnée : le Hameau des Allamands, au fond d'une petite vallée au Nord de Samoëns, à la jonction entre le Massif du Chablais et le Massif du Giffre. Le temps est encore bien nuageux mais cela devrait se dissiper au cours de la journée. L'objectif de la journée est d'atteindre la Suisse pour y bivouaquer. On commence par une montée progressive vers le Col de Bostan en passant par la forêt et le refuge éponymes. L'alpage est calme et la nébulosité encore importante.

 

Jour 1 : Du Hameau des Allamands à la Cabane de Susanfe.

 

 

 

 

 

En une petite heure, le Refuge de Bostan est atteint. Il est posé au milieu d'un alpage non loin de la lisière de la forêt. L'humidité a fait fuir les foules, même les marmottes ne sont pas très bavardes.

Les Gentianes Jaunes rajoutent un peu de couleur dans ce Vallon de Bostan bien tristounet. Le petit Lac des Verdets, dont on repère l'emplacement sur la droite, est totalement asséché.

 

 

 

 

La Tête de Bostan 2400m bénéficie d'un éclaircie alors que les Dents d'Oddaz, surplombant la droite du vallon, sont invisibles. Mais le temps semble se lever sur ces montagnes.

Au Col de Bostan 2290m, on se situe déjà sur la frontière franco-suisse. Mais pas question de passer côté helvétique si tôt.

 

L'ascension des Dents Blanches était initialement prévue à partir du Col de Bostan. Or l'importante nébulosité rend la montée jusqu'à ses pics inintéressante voire dangereuse. On abandonne donc l'ascension de ces mythiques sommets de la région et on continue le circuit en direction du Pas au Taureau. L'accès aux Dents Blanches est praticable en équipement de randonnée avec un sentier caillouteux et parfois vertigineux pour atteindre les Dents Blanches Occidentales et notamment la Dent du Signal 2727m, point culminant du chainon.

L'itinéraire emprunté est un mixte des Tours des Dents Blanches et des Dents du Midi. Sur cette première partie de la journée, on se trouve donc sur le Tour des Dents Blanches.

 

La Tête de Bostan caressée par les nuages.

 

Les météorologues n'ont pas tenu leur promesse. La nébulosité reste et restera importante toute la journée. Heureusement, l'itinéraire situé après le Pas au Taureau sera globalement repris le lendemain, sous un beau soleil.

 

 

 

 

L'accès jusqu'au Pas au Taureau n'est pas si escarpé que cela , contrairement à ce que les cartes IGN peuvent indiquer. Le sentier ne présente pas de difficulté majeure et est bien équipé.

A partir du Pas au Taureau, on entre dans la Réserve Naturelle de Sixt-Passy, la plus vaste du département de la Haute Savoie, créée en 1977.

En dévalant le Pas en direction du Lac de la Vogealle, les Dents Blanches apparaissent de temps à autre. Les gradins herbeux et les alpages reprennent des couleurs avec des éclaircies de plus en plus franches, à l'image de ces splendides Lys Martagon bordant le sentier.

 

De l'autre côté du lac, les imposantes falaises du Cirque du Fer-à-Cheval se dressent.

 

Un instant avant de quitter le lac et son cirque, les Dents Blanches se dévoilent dans leur entièreté. Au centre, la Dent du Signal, point culminant du chainon.

 

La suite de l'itinéraire s'effectue sur l'amont du Cirque du Fer-à-Cheval, malheureusement la nébulosité reprendra le dessus. Seul l'écho des cascades chutant dans le fond de vallée brisera le silence d'une traversée dans l'épais brouillard se cramponnant aux sommets du Giffre.

Entre le Pas au Taureau et l'aval du Lac de la Vogealle, environ 600m de descente ont été dévalés. Il faut maintenant remonter l'équivalent pour atteindre le Col des Ottans, ultime col avant le passage en Suisse.

 

Les nuages se sont stabilisés aux alentours de 2300m. On peut donc apercevoir les quelques chutes d'eau du cirque sur les premières centaines de mètres de dénivelés.

 

 

 

 

 

Et un, puis deux, puis toute la famille ! Grâce au brouillard, c'est seulement sur les derniers mètres que bouquetins et humains s'aperçoivent mutuellement.

 

 

A défaut d'avoir la vue, on a la signalisation. Le Col de Sagéroux est atteint. Il marque le commencement d'une traversée d'arêtes entre ce col et celui des Ottans. On se trouve maintenant sur la frontière franco-suisse. D'ailleurs la signalisation passe à l'helvétique.

Pas de vent, pas de bruit, seulement un épais brouillard. L'ambiance est spéciale sur la frontière. Les nuages restant inoffensifs, il n'y a aucune inquiétude sur la poursuite de l'itinéraire.

Le sentier suit fidèlement l'arête sauf au niveau du sommet de la Tête des Ottans où il tire davantage côté français sur quelques centaines de mètres, la traversée par l'arête sommitale de la Tête des Ottans étant impossible à pied. Un gros cairn indique le chemin à suivre.

 

 

 

 

 

Les anciennes signalisations installées sur la borne marquant la frontière entre la France et la Suisse. On atteint un autre itinéraire du coin : le Tour du Ruan.

 

 

C'est parti pour la descente sur le Vallon de Susanfe, en Suisse. Encore 500m de descente sont à effectuer. Le marquage suisse passe en ''randonnée alpine'', une sorte d'intermédiaire entre la randonnée et l'alpinisme, indiqué par des traces bleues et blanches. La signalisation suisse indique quelques passages câblés mais rien de bien méchant.

 

Mais après quelques passages câblés sans grande difficulté, on se retrouve face à un trou d'où démarrent un câble et une chaine. Il faut quelques instants avant de réaliser que c'est bel et bien par là que se poursuit le sentier en direction de Susanfe. C'est une cheminée d'environ 70m qui permet d'accéder au cirque du Glacier des Ottans. Echelles, câbles, marches, tout y est et malgré cela, on espère sincèrement que l'ingénierie suisse dans le domaine du passage câblé en montagne est aussi performante que celle de l'horlogerie ou du système bancaire. L'humidité et la nébulosité rajoutent un peu d'adrénaline lors de la traversée de cette cheminée.

Finalement, cette cheminée se pratique plutôt bien. De grandes jambes ou une certaine souplesse sont nécessaires sur certains points. Porter un petit sac est aussi un avantage, notamment au début de la cheminée pour passer sous l'arche. Ce qui n'était pas notre cas.

Une fois en bas, le signe bleu et blanc indique la marche à suivre. Il faut atteindre l'arche que l'on aperçoit en haut de la photo. Demain, il faudra de toute manière passer cette cheminée pour retourner en France, mais dans le sens montée cette fois ci.

 

Le Cirque du Glacier des Ottans, ou devrais-je dire, l'ancien Glacier des Ottans. Il ne s'agit plus que de gros névés. On repasse sous la barre des 2300m, on s'extirpe donc de la nappe de brouillard.

 

 

Puis, pendant quelques instants, le bas du Glacier du Mont Ruan surplombe le sentier. Ce n'est certainement pas dans ce coin que le bivouac sera installé. L'inclinaison du glacier semblant importante, une chute de sérac n'est pas à exclure notamment avec les fortes chaleurs de cette année. D'ailleurs le glacier est totalement à découvert en ce début juillet. Il n'y a plus aucune neige qui protège la glace.

Un glacier divisé en trois. L'immense paroi de roche polie nous laisse imaginer la largeur du glacier d'autrefois.

 

 

 

Le Vallon de Susanfe entre ombre et lumière. Haute Cime se retrouve totalement embrumée. On passe près de la Cabane de Susanfe, le temps de se ravitailler en eau pour le repas et la nuit. Puis, pour être tranquille pour la nuit, on poursuit un peu plus en amont pour installer le bivouac.

 

 

 

Il est 19h passé et il est temps de planter la tente. C'est environ 200m après le refuge que le bivouac est installé. Le soleil n'est toujours pas de la partie mais la motivation est tout de même présente pour se lever tôt dans la nuit afin de démarrer l'ascension de Haute Cime aux premières lueurs car ce n'est pas moins de 1000m de dénivelés qui séparent le bivouac du sommet. Le réveil est planifié à 3h15.

Quelques instants avant d'entamer la courte nuit.

 

Jour 2 : L'ascension de Haute Cime et la traversée vers Samoëns via le Pas à l'Ours et le Lac des Chambres.

 

Le réveil n'a même pas eu le temps de sonner qu'un regard vers l'extérieur de la tente permet d'apercevoir le ciel étoilé. Il est 3h et la machine est lancée. Quelques gorgées d'eau, un sucre pour l'énergie et un pliage de tente et c'est parti pour la bonne grimpette vers le point culminant des Dents du Midi. C'est à la frontale que la montée vers le Col de Susanfe débute. Après quelques photos de nuit, le second jour de l'aventure démarre, il est 3h52.

 

 

Haute Cime se décalque dans le ciel étoilé alors que la Voie Lactée s'élancent légèrement sur la droite du Petit Ruan.

Le Col de Susanfe est rapidement atteint. On quitte les alpages pour trouver un monde totalement minéral. Du haut de ses 2500m, la vue est déjà exceptionnelle de l'autre côté du col. Les sommets des Alpes suisses se dressent les uns à côté des autres dans un dégradé de couleur allant du chaud au froid.

700m de dénivelés positifs séparent le Col de Susanfe du sommet de Haute Cime. Et c'est en seulement 3km de marche qu'ils seront avalés. Cela donne une idée de l'inclinaison du sentier menant à la cime.

Depuis le Col de Susanfe, quelques 4000 suisses se trouvent face à nous dont : le Dom, le Weisshorn, le Mont Rose, le Cervin ou encore la Dent d'Hérens.

 

Zoom sur les 4000 des Alpes pennines. Sur la partie droite de la photo, on reconnait facilement la cime du Cervin 4478m.

 

Au Nord-Est, le ciel s'enflamme peu à peu.

 

Sur les premières centaines de mètres après le Col de Susanfe, les Grands Combins se rajoutent au bal des 4000.

 

Changement radical de luminosité au-dessus des Alpes.

 

Le jour s'impose peu à peu. A gauche, le Nord du Massif du Mont Blanc commence à apparaitre, suit la Tour Sallière 3220m, le Grand Mont Ruan 3054m, le Petit Ruan 2845m et la chaîne des Aravis au loin avec la Pointe Percée notamment.

 

Derrière le Glacier du Trient, un cumulonimbus solitaire résiste à l'anticyclone au dessus du Piémont italien. Il est le premier à se parer de rose.

 

Les Grands Combins 4314m et le Mont Vélan 3727m n'ont toujours pas de lueurs sur leurs glaciers.

 

Quelques minutes plus tard, les Grands Combins s'illuminent peu à peu.

 

Au dessus des Alpes françaises, seul le ciel se pare de rose pour le moment.

 

 

 

 

 

Les uns après les autres, les sommets du Sud s'illuminent ; d'abord le Massif du Mont Blanc et la Tour Sallière, ensuite la Dent de Barme puis les Dents Blanches, la Tête des Ottans ou encore la Pointe de Bellegarde.

L'Aiguille Verte et le Mont Blanc encerclent la Tour Sallière.

 

Le orange laisse place au jaune au fur et à mesure de l'ascension. Les immenses pierriers de Haute Cime restent encore globalement dans l'obscurité.

 

 

 

 

 

Une fois sur l'arête, la Cime de l'Est et le Glacier Plan Névé se dévoilent. Le petit Refuge des Dents du Midi brille également à droite du glacier.

Depuis l'antécime, les rayons se faufilent dans la vallée de Martigny. La barre des 3000m vient d'être atteinte.

 

 

 

Le sommet est atteint aux alentours de 7h du matin. Personne là-haut, pas un brin de vent, il ne fait même pas froid. Le moment idéal pour un petit déjeuner face au panorama exceptionnel qu'offre Haute Cime 3257m, partagé entre les Alpes françaises et les Alpes suisses.

On observe l'imposante ombre de la montagne engloutissant la Vallon de Susanfe.

Les Dents du Midi, les Alpes bernoises et les Alpes pennines depuis le sommet de Haute Cime.

 

Le Massif du Mont Blanc, la Tour Sallière, les Aiguilles Rouges et le Mont Buet.

 

De gauche à droite : L'Aiguille de Bionnassay, les Dômes de Miage, la Barre des Ecrins, le Mont Buet, la Meije, le Rateau, la Roche de la Muzelle, le Pic de l'Etendard, la Chaine des Fiz et le Massif de Belledonne.

 

En direction des Préalpes suisses.

 

De gauche à droite : la Chaine des Aravis, la Tournette, la Dent de Barme, les Dents Blanches, la Vallée de l'Arve, le Môle, les Hauts Forts, le Roc d'Enfer et la Croix sommitale de Haute Cime.

 

 

 

 

 

Le panorama depuis le sommet est exceptionnel. Sur ces différents points de vue on y observe les Alpes Bernoises, le Massif du Chablais, le Jura Suisse, le Léman et le Rhône.

Zoom sur le Mont Blanc, ses satellites et les Aiguilles Rouges.

 

Vers le Mont Blanc et vers les Grands Combins (avec le Barrage de Salanfe en contrebas).

 

Dernier panorama entre Suisse et France depuis le sommet de Haute Cime. Le Vallon de Susanfe commence tout juste à s'illuminer. Malgré ces 1000m d'ascension, la journée ne fait que commencer. Il faut retrouver la voiture située en France.

 

 

Le léger sentier se distingue bien dans le pierrier. Il doit tout de même être mis à rude épreuve au fil des saisons vu le terrain instable et friable dans lequel il se situe. Un piétinement humain doit être fort utile à sa pérennisation.

Sous le sommet, on atteint le Col des Paresseux. Cette toponymie originale doit probablement signifier le lieu où certains randonneurs n'ont plus la foi de continuer vers la cime.

Haute Cime et le Vallon de Susanfe depuis le Col des Paresseux.

 

Dernier large clin d'oeil sur les Dents du Midi, le Glacier de Plan Névé, le Barrage de Salanfe et le reste des Alpes suisses.

 

 

 

Avant de chuter encore plus vers le Col de Susanfe. Le sentier part en dévers pour contourner une barre rocheuse. C'est le moment où le chemin est le plus discret dans le pierrier.

 

Arrivé sur le terrain désertique du Col de Susanfe, c'est le départ de la grande traversée en direction de la France, d'abord par le sentier emprunté hier du côté suisse, puis une fois dans le secteur de la Vogealle, un chemin inédit sera suivi. Une vingtaine de kilomètres reste à parcourir, il est 9h du matin.

 

Dernier clin d'oeil aux 4000 suisses.

 

 

 

 

 

On quitte le monde minéral le temps de la traversée du Vallon de Susanfe, sous le relief élancé de Haute Cime. Quelques nuages commencent à bourgeonner sur les sommets.

 

 

L'allure du Vallon de Susanfe change radicalement par rapport à la veille. Le vert des alpages contraste avec le gris de la roche et le blanc des glaciers qui le surplombent. L'environnement montagnard par excellence.

 

On retrouve le chemin de randonnée alpine qui monte vers le Col des Ottans et la France. De loin, on aperçoit la barre rocheuse que la cheminée franchit avant d'atteindre la crête.

Au début de l'ascension du Col des Ottans, on a une vue d'ensemble du Vallon et Haute Cime.

 

La fameuse barre rocheuse surplombant le cirque du Glacier des Ottans. Le départ de la cheminée se situe tout à droite, juste à côté de la dernière plaque de neige.

 

Le début et la fin de la cheminée. Avec l'ambiance ensoleillée du jour et par marche ascendante, la progression dans la cheminée est bien moins douteuse qu'hier même si la transition entre les différentes échelles et marches métalliques reste impressionnante.

 

Quelques touches de couleurs au milieu de cet environnement minéral.

C'est reparti pour les arêtes frontalières. Malgré des nuages de plus en plus nombreux, la vue reste dégagée sur le cirque contrairement à la veille.

 

Le Cirque du Fer-à-Cheval dévoile ses pics, ses glaciers, ses falaises et ses cascades.

 

Le Cirque du Fer-à-Cheval tient tout simplement son nom de sa forme en demi-cercle. Il s'agit du plus grand cirque montagneux des Alpes avec une circonférence d'environ 5km. Entre les sommets culminants à 3000m c'est pas moins de 1000m de plongeon qui les séparent du fond de vallée. En fonction de la saison, et notamment au printemps lors de la fonte des neiges, c'est une trentaine de cascades de toute taille qui dévalent ses pentes pour aller alimenter la rivière du Giffre. Le fond du Cirque du Fer-à-Cheval se prénomme humblement ''Le Bout du Monde''.

 

Les parois du Cirque. Les plus hautes plongent de 700m dans le vide.

 

Le bal des vautours fauves au-dessus du cirque. Ces immenses parois sont un paradis pour cette espèce qui y niche.

 

 

 

 

En direction du secteur de la Vogealle.

Première photo = La Tête des Ottans.

Deuxième photo = La Corne de Chamois surplombant le Cirque.

Troisième photo = le Lac de la Vogealle et ses alpages.

 

On arrive bientôt au croisement de Pérua où le début du circuit coté français pourra s'effectuer. Au lieu de repartir vers le Lac de la Vogealle et le Pas au Taureau, une nouvelle ascension sera réalisée en direction du Pas à l'Ours suivi du Col des Chambres avant l'ultime et interminable descente vers le fond de vallée. Le Pas à l'Ours est le dernier passage vertigineux du périple puisque le sentier passe au milieu d'un ravin schisteux. Ce sentier est donc à éviter par temps humide et par mauvaise visibilité.

 

 

 

 

Depuis la Tête de Pérua, on aperçoit bien le ravin schisteux du Pas à l'Ours avant de retrouver un bref alpage et les pierriers menant au Col des Chambres, lui-même entouré par la Pointe de Bellegarde (à gauche) et la Pointe Rousse des Chambres (à droite). Tout en bas à gauche, le Refuge de la Vogealle.

Les quelques moutons de l'alpage de la Vogealle ont trouvé un peu de fraicheur sur l'unique névé des environs.

 

 

 

Une colonie de bouquetins a pris d'assaut le Pas à l'Ours. Dans ces cas-là, il ne faut pas hésiter à prendre son temps pour les photographier mais également pour se faire remarquer. En effet, il est préférable que les bouquetins dégagent de l'amont du sentier du Pas à l'Ours puisqu'il n'est pas rare qu'ils fassent dégringoler quelques blocs sur leur passage. D'autant plus que nombre d'entre-eux sont encore jeunes et ne cessent de jouer dans les pierriers.

 

 

De puérils combats font rage dans le pierrier. Alors qu'au même moment, les plus matures d'entre-eux se contentent d'observer et de se reposer.

En bas à gauche on devine le sentier du Pas à l'Ours. A droite, le Lac de la Vogealle et les Dents Blanches.

 

Depuis le Col des Chambres 2388m, on distingue une bonne partie de l'itinéraire de la journée. Dans le col au centre gauche, on devine la base de Haute Cime.

 

Depuis le Col des Chambres, il ne s'agira plus que de la descente jusqu'au fond de vallée. Entre temps, on croisera le Lac des Chambres en traversant un vaste pierrier assez paumatoire tant les cairns y sont nombreux et posés n'importe où dans le vallon. Heureusement, la luminosité est bonne et la déambulation entre les blocs se fait aisément.

 

 

A 2100m, on atteint le Lac des Chambres coincé entre son immense pierrier et sa paroi rocheuse. Il est encore exceptionnellement gelé contrairement à ses compères alpins. Son encaissement ainsi que la forte inclinaison des pentes chutant dans ses eaux doivent expliquer le phénomène, les avalanches de l'hiver se déversant directement sur sa surface.

Du fait des pentes abruptes encerclant ce lac, un seul passage câblé permet d'accéder à l'autre rive.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'autre rivage du lac sous les falaises de Pointe Rousse 2577m.

Peu après le Lac des Chambres, quelques sommets familiers font, ou plutôt refont, leur apparition (de gauche à droite) : les Hauts Forts, les Dents d'Oddaz, la Corne au Taureau, les Dents Blanches, la Pointe Rousse des Chambres.

 

 

 

 

Face à la pente qu'il reste à dévaler, la Vallée de l'Arve et la moyenne Vallée du Giffre s'élancent au loin. Le Môle trône au centre avec Bonneville à son pied.

 

Encore 1100m de descente jusqu'à la voiture. La journée commence à être extrêmement longue d'autant plus que la chaleur devient de plus en plus lourde à mesure que l'on perd de l'altitude. Prochaine étape, le Refuge de Folly.

Quelques moutons jouent à cache-cache dans l'alpage. Eux aussi trouvent qu'il fait trop chaud.

 

Vers la barre des 1500m, on passe aux abords du Refuge de Folly et son alpage tapit d'Epilobes. Les derniers kilomètres sont les plus longs. C'est en sous-bois qu'il faut relier le Refuge de Folly au petit hameau du Crêt. Un bref passage à découvert permet d'apercevoir Samoëns et son domaine skiable. La lumière commence à baisser. Depuis ce hameau, on relie aisément les Allamands, point de départ et terminus de cette belle traversée franco-helvétique.

 

Avec un départ à 3h52, c'est à 20h30 que la voiture est atteinte. Malgré des paysages magnifiques et variés, l'étape est beaucoup trop longue. Pas tant au niveau des kilomètres mais surtout au niveau de la dénivellation car c'est plus de 3000m de descente et 2000m de montée dans la journée qu'il a fallu engloutir.

Ce tour au coeur du Massif du Giffre et à l'assaut de son point culminant réserve une multitude de surprises : des paysages très variés, des passages aériens, des merveilles géologiques, une faune et une flore riches en ce début d'été. Or, il est préférable, si ce tour devait être repris, de l'effectuer en 3 jours et non en 2. Cela éviterait d'avoir deux journées assez conséquentes, notamment la seconde. D'autant plus que le bivouac est autorisé sur la totalité du circuit, y compris dans la réserve, et que 3 refuges se trouvent sur l'itinéraire.

Mais l'objectif du tour est atteint : Haute Cime des Dents du Midi 3257m a été vaincue et ce pour le lever du soleil. Un souvenir qui fera oublier les courbatures du lendemain.


ITINÉRAIRE DE LA RANDONNÉE : 

 

  • Départ/Arrivée : Parking du Plan des Arches - km 0
  1. Refuge de Bostan - km 3,4
  2. Col de Bostan - km 6,2
  3. Croisement itinéraire des Dents Blanches - km 6,5
  4. Pas de Taureau - km 7,1
  5. Lac de la Vogealle - km 9,2
  6. Croisement de Pérua - km 9,8
  7. Col de Sagéroux - km 12,7
  8. Col des Ottans - km 14
  9. Cheminée des Ottans - km 14,3
  10. Cabane de Susanfe - km 17

11.  Bivouac - km 17,2

12.  Col de Susanfe - km 19,1

13.  Haute Cime des Dents du Midi 3257m - km 21,1

14.  Pas à l'Ours - km 32,7

15.  Col des Chambres - km 34

16.  Lac des Chambres - km 36,6

17.  Refuge de Folly - km 38,7

18. Croisement vers le Crêt - km 40,8

19.  Hameau des Allamands - km 42,7

Haute Cime Des Dents Du Midi Trace Gpx
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