- La Pointe de l'Observatoire 3016m par le Refuge du Fond d'Aussois

Publié le 4 février 2025 à 22:42

Réalisée le 02-03 février 2025

 

Voilà plusieurs semaines que la Vanoise a revêtu son manteau blanc et que les cimes sont de moins en moins accessibles sans se mettre trop en danger et sans équipement spécifique. Les skieurs de randonnée ont remplacé les foules de marcheurs arpentant les mythiques sentiers de ce massif savoyard et les couloirs avalancheux bloquent toute traversée à pied sur certains secteurs. 

Quelques cimes restent tout de même dans le giron du randonneur. Encore faut-il que les conditions de nivologie et la météo soient optimales pour une ascension sécurisée de bout en bout. De petits sommets, moins renommés de leurs illustres voisins au sein du massif, deviennent des ascensions de choix en période hivernale. D'autant plus que l'important réseau de refuges permet une meilleure accessibilité de ces sommets depuis les fonds de vallées de la Maurienne au Sud ou de la Tarentaise au Nord.

En effet, sur certaines portions, la Vanoise, et malgré la présence du Parc National, a vu de nombreuses infrastructures s'ériger au beau milieu du paysage montagnard du massif. On peut citer, au-delà des immenses domaines skiables, la route du Col de l'Iseran, la route de Bellecombe depuis Termignon ou encore les barrages d'Aussois et leur route d'accès depuis la station en aval. Dans tous ces cas de figure, ces accès routiers permettent aux foules de randonneurs du dimanche d'inonder les sentiers du massif, et ce à de relatives hautes altitudes, altérant ainsi le caractère sauvage de la Vanoise et de son parc.

L'hiver, la neige recouvre, camoufle et bloque ces accès simplifiés vers la haute montagne. La Vanoise retrouve, le temps d'une saison, le caractère inhospitalier et sauvage qui singularise les Alpes intérieures. C'est d'ailleurs vers une cime qui retrouve son calme l'hiver que nos yeux se portent : la Pointe de l'Observatoire 3016m. Un grand nom, mais un sommet tout à fait modeste dans le groupe des 3000 qui compose la Vanoise. A cheval entre le Vallon d'Aussois et le Vallon de Chavière, son nom provient probablement du panorama qu'offre son humble cime et de sa facilité d'accès. Au début du XXème siècle, elle fut nommée Pointe Matter mais cet intitulé n'a pas été officialisé, par le CAF notamment.

Proche du Tour des Glaciers de la Vanoise et encadrée par de nombreux refuges, la Pointe de l'Observatoire constitue l'un des 3000 le plus facile d'accès des Alpes françaises. L'été, la route depuis le Vallon d'Aussois permet un départ vers les 2000m d'altitude, rien à voir avec la montée depuis Pralognan-la-Vanoise un peu plus longue et inclinée sur la fin du parcours. L'hiver, les deux petites stations familiales que sont Aussois au Sud et Pralognan au Nord servent de point de départ pour l'ascension de ce sommet. Mais au vu de l'inclinaison de la face Nord, on se concentrera sur le versant plongeant sur la Maurienne pour partir à l'assaut de la Pointe de l'Observatoire. On réfléchira d'ailleurs à un circuit dans le coeur du vallon pour varier les plaisirs entre la montée et la descente.

Certes les skieurs ont pris le relai mais leur nombre est bien moindre que les randonneurs en saison estivale. Cela nous questionne tout de même sur les places disponibles dans les refuges d'hiver de la zone. Le Refuge de la Dent Parrachée étant déjà ouvert et gardé, on se concentre sur un autre refuge du vallon : le Refuge du Fond d'Aussois. Reste à savoir si les skieurs sont plus attirés par la chaleur du poêle et les bons petits plats préparés par les équipes de la Dent Parrachée que par la fraicheur et la solitude procurées par le Fond d'Aussois.

 

Jour 1 : D'Aussois au Refuge du Fond d'Aussois.

 

La Départementale 108 conduisant les véhicules jusqu'aux barrages comblant le vallon est donc fermée pour l'hiver. On stoppe notre ascension motorisée dans les ruelles de la petite station d'Aussois perchée sur les contreforts Sud de la Vanoise. Le parking du centre-ville formera notre point de départ vers le refuge et malgré la relative faible altitude de la station, à un peu plus de 1400m, la fraicheur de ces dernières semaines a permis de conserver un fin mais compact manteau neigeux dès que nous quittons l'asphalte. 

 

La profonde Vallée de la Maurienne comblée au Sud par les Massifs du Mont-Cenis (à gauche) et des Cerces (à droite). On devine d'ailleurs le Mont Thabor 3178m qui correspond au premier sommet de la chaîne ensoleillée en partant de la gauche.

 

 

 

 

On grimpe dans les premiers ressauts entre forêts et alpages où se nichent quelques hameaux d'altitude. On passe successivement le Vet, l'Ortet et le Carlet, ce qui nous permet de rester plutôt à l'écart du domaine skiable d'Aussois.

 

Au niveau du Carlet, lieu-dit jouxtant le belvédère sur le Lac de Plan d'Aval et son barrage, on commence à véritablement pénétrer dans le Vallon d'Aussois. On s'élève sur la droite de ce dernier et au fur et à mesure de l'éclaircissement de la forêt de pins, on devine de mieux en mieux les cimes du coin. C'est à partir du téléski de Plan Sec que nous quittons définitivement les environs du domaine skiable d'Aussois, en direction du fond du vallon, en direction du sauvage.

 

Face à nous, deux sommets se détachent : le Râteau d'Aussois 3128m surplombant les eaux gelées de Plan d'Aval et la Pointe de l'Echelle 3418m dominant le barrage de Plan d'Amont.

 

Entre le téléski et le Ruisseau de la Fournache, le sentier s'aplanit et la traversée en balcons permet de mieux appréhender le Vallon d'Aussois entièrement figé par l'hiver.

 

 

Dès que le nombre de pins s'amenuise suffisamment, on aperçoit l'objectif du week end pile au centre de la photo ci-dessus : la Pointe de l'Observatoire. Sur la droite, perché sur sa butte, on devine le Refuge de la Dent Parrachée. Pour éviter de se diriger directement vers le Fond d'Aussois, on se permet un petit détour par ce refuge pour y contempler le panorama.

 

Au-dessus de notre position, on finit par être également surplombé par d'imposantes cimes. On pense d'abord à la Dent Parrachée 3695m même si en réalité son sommet est à peine visible depuis notre position. Il s'agit de la subtile pointe enneigée que l'on voit sur la droite. Les deux pointes de roches striées correspondent en réalité à la Pointe de la Fournache 3642m et à son antécime. Au centre, le gros dôme rocheux est prénommé le Grand Châtelard alors qu'à droite l'enchainement correspond à l'Arête de Chaix.

 

On passe rapidement devant le Refuge de la Fournache, refuge privé ne bénéficiant par d'abri d'hiver, et on grimpe les derniers mètres vers le Refuge de la Dent Parrachée.

 

Le Refuge de la Dent Parrachée bénéficie d'une vue de choix sur la face Est de la Pointe de l'Echelle 3418m.

 

 

Complètement rénové en 2017, le Refuge de la Dent Parrachée est l'un des principaux du coin. Du haut de ses 2511m, il domine le Vallon d'Aussois et les deux retenues qui comblent le talweg. En face, le Massif du Mont Cenis bouche la vue vers le Sud, notamment l'Aiguille de la Scolette 3508m. Après ce refuge, on entre enfin dans le Parc National de la Vanoise.

 

Les sommets du Fond d'Aussois (de gauche à droite) : la Pointe de l'Echelle, les Cimes des Planettes, la Pointe de l'Observatoire, la Tête d'Aussois.

 

Bien qu'il ne reste pas grand chose à effectuer pour atteindre le Refuge du Fond d'Aussois, il n'est pas visible depuis les abords du Refuge de la Dent Parrachée. On prend le temps de se poser au soleil avant de partir vers le vallon où l'ombre de la Pointe de l'Echelle s'étend au fil des heures.

 

Pour rejoindre le Fond d'Aussois, le sentier poursuit d'abord en balcons puis pique vers le plateau. La neige est bien tassée ce qui permet d'évoluer tranquillement. On retrouvera tout de même de la poudreuse avant d'atteindre le vallon.

 

Le Refuge du Fond d'Aussois est maintenant visible, déjà pétris dans l'ombre de la Pointe de l'Echelle. Beaucoup de skieurs sont présents dans les alentours du refuge mais plusieurs groupes entament dès lors la brève montée vers le Refuge de la Dent Parrachée.

 

L'autoroute des neiges entre le Fond d'Aussois et la Dent Parrachée.

 

Au-dessus du Plan du Chardonnet à gauche et du Plan de la Gorma à droite, une ligne de crête imposante nous domine (de gauche à droite) : Roche Chevrière, Tête d'Aussois, Col de Rosoire, Pointe Chevrière et Pointe de Labby. L'été, quelques sentiers escarpés peuvent conduire à certains cols, voire certaines cimes comme c'est le cas pour la Pointe Chevrière 3280m.

 

De l'autre côté du vallon, le Râteau d'Aussois est accablé par le soleil, il protège sa face Nord de son imposante ombre pyramidale. Beaucoup de skieurs viennent profiter de cette neige conservée en slalomant sur le Col de la Masse.

 

Dans le Fond d'Aussois, quelques baraquements jalonnent le plateau dont la petite chapelle Notre-Dame-des-Anges construite en 1886. Cet édifice religieux a été installé ici pour permettre aux bergers lors de l'estive de se recueillir sans avoir à redescendre en vallée.

 

En arrivant au Refuge du Fond d'Aussois 2350m, nous sommes déjà plongés dans l'ombre de l'impressionnante Pointe de l'Echelle qui nous surplombe de plus de 1000m. Le froid est piquant, on se dépêche donc à franchir la congère qui s'est accumulée devant l'entrée pour découvrir les lieux.

Les hordes de skieurs se sont envolées vers le Refuge de la Dent Parrachée, nous avons donc un refuge d'une vingtaine de places à notre disposition. Outre les deux dortoirs, nous avons accès à la salle commune, une cuisine secondaire où est installée une gazinière ainsi que des toilettes sèches. 

Nous sommes plus qu'étonnés qu'un refuge accessible, en moins de 3h en hiver et entre 1h et 1h30 en été, soit déserté. L'ouverture du Refuge de la Dent Parrachée ne doit pas y être pour rien. Il faudra attendre fin mars pour que Fond d'Aussois soit de nouveau gardé pour la saison de ski de randonnée.

 

 

 

 

Légèrement en contrebas du Refuge du Fond d'Aussois, un autre bâtiment assez imposant trône près du plateau. Il s'agit du Chalet de la Marie, l'ancien refuge avant que le nouveau soit construit en 2004. Aujourd'hui, il sert de dortoirs supplémentaires en cas de surfréquentation du refuge principal. 

 

Les deux installations dominent donc l'alpage du Fond d'Aussois. Bien que la vue soit moins ample que depuis le Refuge voisin de la Dent Parrachée, on fait face à quelques sommets mythiques du Massif du Mont-Cenis, notamment l'Aiguille de la Scolette. On est également enveloppé dans un cadre montagnard et sauvage qui cache totalement la proche station d'Aussois et l'urbanisé fond de Vallée de la Maurienne.

Changements de luminosité sur le Massif du Mont-Cenis (de droite à gauche) : l'Aiguille de la Scolette, Pierre Minieu, la Pointe Saint-Michel, la Pointe de Longe Côte, la Pointe du Notaire, la Pointe du Sommeiller et tout à gauche bien ensoleillé il s'agit du Mont d'Ambin.

 

Vers l'Est, bien que la Dent Parrachée ne soit pas visible depuis le refuge, on devine la Pointe de la Gorma 3396m au centre-gauche.

 

 

Alors que la Lune s'invite au-dessus de la Pointe de l'Echelle, l'heure bleue prend brièvement place sur la Vanoise. Le Refuge du Fond d'Aussois, bien que rafraichit par l'absence de soleil depuis quelques heures, reste l'îlot de chaleur et de confort au milieu de l'hiver alpin.

Jour 2 : L'ascension de la Pointe de l'Observatoire et la traversée partielle des balcons de Plan d'Amont.

 

La nuit bat encore son plein à 6h30, heure de notre réveil. Il suffira d'une petite demi-heure pour voir poindre les premières lueurs au Sud-Est. On ne s'empresse pas à gravir les 600m de dénivelés qui séparent le refuge du sommet pour profiter du lever du soleil. On préfère assurer une assez bonne visibilité diurne dans le vallon enneigé afin de bien percevoir où nous posons les pieds. On profitera de l'éclaircissement des environs au cours de la montée. 

 

 

On quitte le refuge aux alentours de 7h20 et déjà la luminosité permet de bien distinguer le relief. Le froid est mordant sur les premiers mètres de l'ascension, d'autant qu'une fine bise vient nous picoter le visage à chaque petite rafale. On se met à languir les premiers rayons de la journée.

 

Sur la première partie, la montée est progressive et se compose de replats séparés par de courts ressauts rocheux. On suit fidèlement le talweg du vallon ainsi que la magnifique trace de skis dont le flux et le gel ont permis un tassement fort agréable pour cette ascension.

 

Vers 2500m, la Dent Parrachée et sa consoeur la Pointe de la Fournache font leur apparition à gauche.

 

Dès les premières centaines de mètres, la Pointe de l'Echelle se métamorphose : d'un imposant dôme elle se mue en une dent acérée, voire même menaçante au-dessus du vallon. Les lueurs rosées ajoutent un peu de douceur dans cet environnement froid et terne.

 

Comblant le fond du vallon, les Cimes des Planettes 2976m se parent également de rose quelques minutes. Invisible pour le moment, la Pointe de l'Observatoire est absente pour fêter cette nouvelle journée.

 

L'astre finit par nous frapper vers 8h en s'érigeant près du Mont Giusalet 3312m.

 

La luminosité change en quelques minutes l'ambiance dans le vallon. Le temps que la Pointe de l'Echelle 3418m voit ses satellites les Pointes de la Partie 3299m apparaitre à sa droite.

 

Zoom sur la Pointe de l'Echelle bafouée par une bourrasque et les Pointes de la Partie.

 

Entre 2650 et 2900m, l'inclinaison de la pente augmente sensiblement. Mais le nombre important de traces de skis de part et d'autre du vallon rassure quant à la stabilité du manteau neigeux. On continue de suivre sans difficulté le fil du vallon. On finit d'ailleurs par être aidé par la présence d'une éminente croix blanche (que l'on aperçoit furtivement sur la gauche de la photo ci-dessus). Installée par des jeunes de Modane en 1930, cette croix marque le replat en direction du Col d'Aussois.

 

 

Un peu avant 9h, on met pied sur le vaste plateau du Col d'Aussois 2914m. Désertique et ravagé par les vents, il permet de dévoiler l'autre versant qui plonge sur le Vallon de Chavière. Juste à côté, la Pointe de l'Observatoire affiche fièrement sa centaine de mètres supplémentaire, comme une invitation à franchir la barre symbolique des 3000m d'altitude.

 

 

Via l'arête qui le sépare du Col d'Aussois, on rejoint tranquillement le sommet rocheux de la Pointe de l'Observatoire 3016m. Ce petit poste d'observation au milieu  des géants de la Vanoise et des Alpes nous convie à nous poser quelques instants pour profiter de la vue, de la solitude et du soleil. Et ce n'est pas les quelques rafales de vent qui viendront nous décourager.

 

Entre la Pointe de l'Echelle et le Dôme de Péclet-Polset, le Massif des Ecrins émerge derrière le Col de Chavière.

 

Sur la gauche de la Pointe Rénod et du Rocher des Dents, on devine la Meije, le Pic Gaspard, la Grande Ruine, le Dôme et la Barre des Ecrins, Ailefroide, le Pic Sans Nom et le Mont Pelvoux.

 

Entre la Dent Parrachée (droite) et le Grand Bec (à gauche), les Dômes de la Vanoise s'imposent à l'Est. Ils obscurcissent intégralement le Vallon de Chavière et la petite station de Pralognan-la-Vanoise. Un peu plus à gauche, le Mont Blanc et ses homologues du massif éponyme s'invitent dans le panorama.

 

Zoom sur le Mont Blanc, on devine même l'Aiguille Verte un peu plus à droite. La Vanoise prend le relai ensuite avec le Sommet de Bellecôte, le Grand Bec, le Mont Pourri et la Pointe de la Grande Glière.

 

Le Dôme de Péclet-Polset est pétri dans une épaisse couche blanche. Depuis la Pointe de l'Observatoire, on devine le Dôme de Polset, accolée à ce dernier on perçoit l'Aiguille de Polset et l'imposante Aiguille de Péclet. Entre ces différents sommets, on voit glisser le Glacier de Gébroulaz.

 

La Pointe de l'Echelle et les Pointes de la Partie / Le Lac Blanc et le Mont du Borgne / Le Col d'Aussois, la Dent Parrachée et la Pointe de la Fournache.

 

Non loin du Lac Blanc, on devine le Refuge de Péclet-Polset tout juste illuminé entre deux ombres sur la gauche.

 

En direction de notre itinéraire de montée, bien que l'on devine le Barrage de Plan d'Amont et le Refuge de la Dent Parrachée, celui du Fond d'Aussois est masqué  par les pentes onduleuses du vallon.

 

Dernier regard sur la reine des lieux : la Pointe de l'Echelle 3418m.

 

 

 

 

Après quelques minutes de contemplation, on se décide à faire demi-tour. Nous n'avons pas d'autre choix que de reprendre l'itinéraire de la montée. La raideur du versant Nord du Col d'Aussois ainsi que la longueur du périple pour le contournement de la Pointe de l'Echelle par le Col de Chavière, nous convainquent de rebrousser chemin, sur cette première partie de l'aventure du moins.

Ce n'est qu'au niveau du Refuge du Fond d'Aussois que nous analyserons les possibilités de traversée sur le versant opposé à celui de la veille, c'est-à-dire celui sous-jacent à la Pointe de l'Echelle et au Col de la Masse.

On dévale donc le vallon en direction du refuge, en plein soleil cette fois-ci. Les skieurs sont encore aux abonnés absents sur ces pentes malgré l'heure qui file. On profite de ce coin dont le caractère sauvage n'est uniquement altéré que par les multiples traces de skieurs. Le reste n'est que froid et blancheur.

 

De retour sur la terrasse du Refuge du Fond d'Aussois, on est intrigué par la trace de skis qui part dans les pentes orientales de la Pointe de l'Echelle. Globalement à niveau, elles rassurent quant à la stabilité du manteau neigeux. En regardant les cartes topographiques, un sentier estival permet de relier le refuge au Col de la Masse sans avoir à descendre puis remonter via le Pont de la Sétéria. On se laisse donc attirer par cette traversée en balcons alors que les flots de skieurs débarquant du Refuge de la Dent Parrachée commencent leur virée vers le Fond d'Aussois.

 

Le Refuge du Fond d'Aussois et le Chalet de la Marie.

 

Durant cette traversée, on est littéralement écrasé par la Pointe de l'Echelle et ses pentes abruptes. Alors que les traces de skis s'estompent ou dévient, on se met à suivre quelques traces de chamois. On en devinera quelques-uns de loin, intrigués par la lenteur de notre progression.

 

Sous les pentes du Grand Roc, une horde de chamois pait tranquillement, labourant les fines couches de neige malmenées par le vent à la recherche de quelques maigres brindilles.

Depuis le Refuge du Fond d'Aussois, nous passerons en réalité de 2350 à près de 2500m, obligeant les caprinés à grimper un peu plus haut, de peur que les bipèdes ne les rattrapent. Bien que le sentier ne s'élève pas tant, on se faufile dans les endroits les moins inclinés pour rejoindre l'autre vallon.

 

En face, la Fournache nous guette dans notre traversée.

 

 

En basculant sous le Col de la Masse, on quitte définitivement l'imposante face orientale de la Pointe de l'Echelle. En échange, c'est le Râteau d'Aussois 3128m et sa cime pyramidale qui s'impose dans le paysage. 

 

On poursuite dans les pentes baignées par le soleil jusqu'à rejoindre les traces grimpant vers le Col de la Masse. L'idéal aurait été de pouvoir poursuivre en traversée jusqu'au Col du Barbier pour rechuter sur Aussois, maximisant ainsi le circuit et nous permettant de rester à plus haute altitude plus longtemps. Cependant, les pentes encadrant le Col du Barbier semblent vierges de toute trace et on aperçoit quelques cassures dans le manteau neigeux, l'inclinaison plus méridionale du versant n'aidant pas avec un alourdissement de la couche de neige. 

 

On se contentera donc de poursuivre notre route en amont jusqu'à la seconde échappatoire du plateau, c'est-à-dire non pas le vallon chutant sur le Pont de la Sétéria mais le suivant, juste avant d'atteindre l'alpage du Pisset. De là, on dégringolera vers le Lac de Plan d'Amont.

Bien que l'inclinaison soit plus importante dans ce vallon que sur le reste de la randonnée, on zigzague tranquillement dans une cembraie de plus en plus dense à mesure que l'on se rapproche des rives de la retenue.

 

On met finalement pied sur le large sentier longeant les rives de Plan d'Amont.Il ne nous reste plus que sept kilomètres pour relier le centre d'Aussois. Et alors que l'autre versant est assaillis par les randonneurs et les skieurs, on s'octroie encore quelques dizaines de minutes de tranquillité près des barrages.

 

En surplombant le barrage de Plan d'Aval, un belvédère permet de contempler le vallon grimpant vers le Fond d'Aussois ainsi qu'une partie de la Maurienne. Le camouflage de la route en cette période hivernale permet de mieux appréhender le véritable visage de cette vallée, sans que les infrastructures humaines, autres que les barrages, ne soient prépondérantes et envahissantes.

 

C'est à la suite de la Seconde Guerre Mondiale que la Maurienne, et les vallées alpines dans leur ensemble, opère un renouveau en terme de peuplement et d'industrie. Les deux retenues d'Aussois sont l'exemple local de ces métamorphoses, Plan d'Aval s'érigeant dès 1950 au-dessus des Gorges du Saint-Benoit et Plan d'Amont quelques années plus tard.

Bien que l'on puisse regretter aujourd'hui la construction de ces infrastructures en pleine montagne rognant sur le caractère sauvage de ces lieux, elles ont été un des moteurs de développement de cette partie de la Maurienne, un gagne-pain à la fois pour les locaux mais également pour les ouvriers provenant soit des environs, soit d'Afrique du Nord et d'Italie. Sans parler qu'aujourd'hui, ce site reste un élément touristique majeur pour la Vallée de la Maurienne, la station d'Aussois et le Parc National de la Vanoise et fournit une quantité non négligeable d'énergie renouvelable.

 

Fait assez unique concernant les deux retenues d'Aussois, les eaux les alimentant ne viennent pas du même endroit. Alors que Plan d'Amont est alimenté par le Torrent du Saint-Benoit qui coule dans le vallon ainsi que d'autres alluvions, l'eau de Plan d'Aval n'a rien à voir avec le Fond d'Aussois. Elle provient en réalité des deux vallées voisines : à l'Est c'est le Ruisseau de Povaret et celui de Saint-Bernard qui sont redirigés vers Plan d'Aval et à l'Ouest, il s'agit du Doron de Termignon. Ce n'est pas moins de 23,5km de galeries qui se faufilent sous le Massif de la Vanoise pour rejoindre la retenue de Plan d'Aval. Ne soyez donc pas surpris en été de voir une teinte de bleue différente entre les deux lacs : les sédiments glaciaires provenant des Glaciers de la Vanoise et du Glacier de Chavière se retrouvant dans Plan d'Aval et lui donnant une couleur laiteuse.

Reliées en vallée au réservoir du Barrage du Mont-Cenis, le complexe hydroélectrique de cette partie de la Haute-Maurienne est l'un des plus importants des Alpes françaises.

 

La station d'Aussois depuis les hauteurs de Plan d'Aval.

 

Quelques cimes de la Haute-Maurienne. A gauche, on observe le Signal du Petit-Mont-Cenis et le Mont Froid. Pile au centre, le Mont Giusalet impose son énorme dôme sommital. Derrière, c'est l'Italie.

 

 

 

 

A partir des hameaux en amont d'Aussois, on retrouve le sentier que nous avons emprunté la veille. La neige souffre en face Sud et pour éviter de trop s'encombrer à chaque pas, on finit par suivre les pistes de ski sur la fin de l'aventure. l'occasion de mieux appréhender les différentes fortifications qui se trouvent à proximité de la petite station familiale, dont la plus proche d'entre-elles, le Fort Marie-Christine, qui s'érige hors de la forêt (voir photo ci-dessous). 

 

Cette forteresse fait partie de la Barrière de l'Esseillon, un ensemble de cinq forts surplombant la Vallée de l'Arc construit au début du XIXème pour protéger le Royaume du Piémont-Sardaigne des potentielles invasions françaises. En effet, avant 1860 et son annexion à la France, la Savoie faisait partie du royaume sarde. Les forts portent ainsi le nom des différents souverains de la famille de Savoie, cette dernière régnant sur cette portion de l'Italie du Nord.

Aujourd'hui, le Fort Marie-Christine est reconverti en gîte et restaurant.

 

C'est au pied des pistes que nous terminons cette aventure entre Maurienne et Vanoise. L'occasion d'aller découvrir un sommet modeste mais dont le panorama a un certains caractère. Ce dernier étant embelli par le magnifique enchainement de la Pointe de l'Echelle.

En été ou en hiver, l'ascension de la Pointe de l'Observatoire reste aisée. Il s'agit d'un des 3000 les plus accessibles des Alpes françaises. Mais une fois enneigée, cette montagne retrouve sa quiétude, à l'instar du reste du Parc National de la Vanoise, le coeur naturel de la Savoie.


ITINÉRAIRE DE LA RANDONNÉE : 

 

  • Départ/Arrivée : Parking du Centre-Ville d'Assois - km 0
  1. Le Carlet (Près du Belvédère) - km 2,7
  2. Téléski de Plan Sec - km 3,9
  3. Refuge de la Fournache - km 5,6
  4. Refuge de la Dent Parrachée - km 6,5
  5. Le Fond d'Aussois - km 7,7
  6. Refuge du Fond d'Aussois (Nuitée) - km 8,1
  7. Col d'Aussois - km 11,1
  8. La Pointe de l'Observatoire 3016m - km 11,5
  9. Sous le pierrier de la Pointe de l'Echelle - km 15,6
  10. Croisement avec le Sentier du Col de la Masse - km 16,9
  11. Vallon plongeant sur Plan d'Amont - km 17,7
  12. Barrage de Plan d'Amont - km 18,8
  13. Belvédère sur Plan d'Aval - km 20,5
La Pointe De LObservatoire Trace Gpx
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