- Le Grand Paradis 4061m par le Rifugio Vittorio Emanuele II (Massif du Grand Paradis)

Publié le 13 juin 2022 à 17:46

Réalisée le 11-12 juin 2022

 

Une étape de plus dans cette frénésie montagnarde : l'ascension de notre premier 4000. Bien loin d'être lassés des Préalpes ou des 3000m ''randonnables'', il était temps que nous passions le cap en franchissant cette barre symbolique uniquement dépassée par 82 sommets de l'arc alpin. Ces derniers sont inégalement accessibles mais tous ont un point commun : c'est une course d'alpinisme qui permet d'atteindre leur pointe sommitale, soit par de l'escalade, soit par une traversée glaciaire. Il est donc nécessaire de scruter attentivement les cotations d'alpinisme avant de se lancer à l'assaut d'un géant alpin.

Nous concernant, nous n'avons qu'une expérience d'alpinisme à notre palmarès, encadrée qui plus est. Il est donc inconcevable de retenter l'expérience sans être accompagné de nouveau par un guide de haute montagne, d'autant que l'altitude rajoute une part d'imprévisibilité sur ce style de parcours.

Une contrainte se rajoute également du fait du nombre de personnes qu'un guide peut encorder lors d'une course d'alpinisme. Plus une ascension cumule les difficultés techniques, moins le guide peut accompagner de personnes avec lui, et ce pour des raisons évidentes de sécurité. Cependant, avec le réchauffement climatique, certaines courses, autrefois faciles d'accès, deviennent de plus en plus difficiles voire dangereuses : un glacier instable, l'apparition de nouvelle barres rocheuses avec la fonte glaciaire, des éboulements récurrents, une fonte des neiges de plus en plus précoce dans la saison. Ces changements impactent les activités des guides de haute montagne et les obligent à réduire le nombre de personnes accompagnées. Les effets négatifs sont multiples : le métier de guide devient de plus en plus dangereux, les chaleurs précoces réduisent la saison propices aux courses d'alpinisme glaciaires et le prix des accompagnements augmente puisque ne dépendant pas du nombre de personnes inscrites.

Ainsi, il est assez difficile, aujourd'hui, de trouver une course d'alpinisme encadrée pouvant se réaliser à 4 (plus le guide). En plus d'être un 4000, le Grand Paradis remplie cette condition. En effet, il s'agit d'un des 4000 les plus accessibles techniquement. Mais cela n'élève rien à la nécessité d'être encadré au vu de notre ''faible'' niveau d'expérience en alpinisme. C'est donc en contactant un guide du bureau de Grenoble que nous réservons l'ascension du Grand Paradis pour la mi-juin 2022.

Le Grand Paradis 4061m jouit d'une renommée importante auprès des adeptes de la montagne. En plus de son accessibilité relativement aisée, faisant de cette montagne un terrain d'initiation à l'alpinisme, il s'agit du seul 4000 intégralement situé en Italie. Les autres géants italiens se situant toujours à la frontière avec un autre pays européen : le Mont Blanc avec la France, le Cervin et le Mont Rose avec la Suisse par exemple. Le Grand Paradis est donc un symbole non seulement pour ce pays mais surtout pour la région de la Vallée d'Aoste où il se situe. Son nom provient d'ailleurs du nom ''granta parei'' signifiant ''grande paroi'' en valdôtain.

La première ascension du Grand Paradis date du 4 septembre 1860 par le Britannique John J. Cowel et le Chamoniard Michel-Ambroise Payot.

 

Quelques jours avant la date fatidique, le guide nous confirme la possibilité de se rendre au Grand Paradis. Le temps étant au beau fixe pour ce week end du 11-12 juin. Le samedi au matin nous rejoignons donc la Vallée d'Aoste par le Tunnel du Mont Blanc puis nous bifurquons dans la Valsavarenche que nos traverserons intégralement pour atteindre son fond de vallée, où se situe le départ de notre aventure.

Cette ascension se réalisera sur deux jours. Une première journée avec la montée au Rifugio Vittorio Emanuele II pour y passer l'après midi et y dormir. Et une seconde journée avec l'ascension du Grand Paradis et la descente complète jusqu'à la voiture.

 

Jour 1 : La montée vers le Rifugio Vittorio Emanuele II.

 

 

 

 

Nous entrons finalement dans le Parco Nazionale del Gran Paradiso créé dès 1922 afin d'y protéger le bouquetin qui était à l'époque en voie d'extinction dans la région. Il recouvre ainsi la moitié du Massif du Grand Paradis. Ce parc national jouxte son jumeau français : le Parc National de la Vanoise, créé, quant à lui, seulement en 1963.

 

La première partie de l'ascension se fait en randonnée pour rejoindre le Rifugio Vittorio Emanuele II perché à 2732m. Cette première journée est simple puisque seulement 750m de dénivelés positifs séparent le point de départ, le petit hameau du Pont, du refuge italien.

Après une courte montée dans le mélézin, le chemin pavé nous amène dans des gradins herbeux d'où nous constaterons la sécheresse qui sévit déjà dans les alpages. Puis, au fil des lacets un premier sommet enneigé apparait. Il ne s'agit pas du Grand Paradis mais du Ciarforon 3640m.

 

 

 

 

 

En 1h30 de montée nous apercevons la silhouette du refuge. Nous décidons de casser la croûte légèrement en contrebas du bâtiment pour profiter d'encore quelques calmes instants avant le brouhaha des randonneurs et alpinistes agglutinés sur la terrasse du refuge.

C'est le moment idéal pour échanger avec le guide, notamment sur la rude journée du lendemain, avant la sieste pour certains, la contemplation pour les autres.

 

L'imposante coque du refuge italien permet l'hébergement de 152 personnes. C'est le plus important refuge du Massif du Grand Paradis et le principal point de départ pour l'ascension de ce sommet. Un chemin relie celui-ci au Rifugio Chabod en 2h de marche, un autre refuge permettant l'ascension du Grand Paradis.

Le Rifugio Vittorio Emanuele II a été construit en 1884 puis rénové en 1961. Il rend hommage au premier Roi d'Italie qui aimait se rendre dans cette région où il y créa sa réserve de chasse royale. Victor-Emmanuel II a été l'artisan de l'unification de la péninsule italienne en 1861. Auparavant, l'Italie n'était qu'un élément géographique et en rien une affirmation politique. En 1860, il est alors Roi du Piémont-Sardaigne. Plusieurs duchés de la botte italienne tels que celui de Parme ou de Toscane votent en faveur de l'unification. D'autres territoires comme le Royaume des deux Siciles ou certaines parties des Etats pontificaux sont également conquis par le Piémont. En janvier 1861, le premier parlement unitaire est élu et proclamera Victor-Emmanuel Roi d'Italie le 17 mars 1861. Il restera sur le trône jusqu'à sa mort en 1878. Avec son accession au trône, l'unification se poursuit, notamment avec la prise de Rome en 1870 qui devient la capitale du Royaume après Turin et Florence. Dans la culture italienne, il est souvent vu comme le Père de la Patrie.

 

Juste à côté du refuge, un petit lac artificiel permet son approvisionnement en eau via l'eau de fonte des glaciers timidement présents en amont. Il s'agit du Lago di Montcorve, du nom du glacier que l'on aperçoit en amont.

 

Nous arrivons assez tôt au refuge, aux alentours de 14h30. Nous nous immisçons dans la foule cosmopolite du refuge : italiens, français, allemands, suisses, tchèques, anglais, de nombreuses nationalités sont représentées. Le guide a insisté sur le fait de se reposer avant la journée suivante qui sera tout sauf reposante. Vers 15h, après avoir préparé nos lits et nos sacs, le groupe se divise : ceux qui opteront pour la sieste et ceux, les vrais, qui partiront sur les hauteurs du refuge pour découvrir les environs. La réunion se fera autour d'une bière sur la terrasse du refuge.

 

Un sentier permet de grimper sur la moraine du glacier en amont du refuge. Sur la droite de ce dernier, on peut apercevoir l'ancien, qui sert encore tant la demande est importante pour accéder aux ascensions dans cette partie du Massif du Grand Paradis.

 

 

En atteignant l'arête de la moraine en amont du refuge, nous pensions nous retrouver sur le front glaciaire. Il n'en est rien. Le glacier a quasiment disparu et se cantonne péniblement au fond du cirque glaciaire. Ainsi, le sommet à droite de la paroi du Grand Paradis, la Tresenta 3609m, est aujourd'hui un sommet randonnable puisque le glacier a totalement disparu sous sa cime. Sous les 2 pics de droite, on aperçoit bien l'ancien lit du glacier avec une roche ondulée et polie par les mouvements de celui-ci. Avec son retrait, les éboulements deviennent nombreux comme on peut le voir sur le Ciarforon qui nous fait face, les glaciers faisant office de ciment naturel pour les parois rocheuses de haute montagne.

 

 

 

 

Zoom sur les éboulements du Ciarforon. Le guide nous affirmait qu'auparavant ce sommet était accessible par cette face, le glacier comblant la partie droite de la barre rocheuse avant le dôme sommital. Aujourd'hui, l'ascension est beaucoup plus compliquée et dangereuse. Elle s'effectue d'ailleurs par l'arête gauche.

La Tresenta et le Ciarforon.

 

De l'autre côté, à l'Ouest, la France n'est qu'à quelques kilomètres à vol d'oiseau. Sur la partie gauche de la photo, on aperçoit la Tsanteleina 3602m et l'Aiguille de la Grande Sassière 3751m, deux sommets situés sur la frontière franco-italienne. Sur la partie droite de la photo, il s'agit du Mont Taou Blanc 3438m, quant à lui totalement situé en Italie.

 

Puis c'est l'heure de la bière. Il faut maintenant patienter jusqu'à 19h que le repas soit servi. Malgré le vent et l'altitude, les températures sont clémentes et nous permettent de rester sur la terrasse du refuge. Peu avant le repas, la terrasse se vide entièrement. Le calme prend place autour du refuge. Seuls les flottements des drapeaux rompent le silence.

 

En cette mi-juin, le soleil se couche tard, aux alentours de 22h. Après le repas, et même si la nuit risque d'être courte, voire très courte, l'observation des dernières lueurs sur les sommets environnants vaut définitivement le coût.

 

La Lune fait son apparition au-dessus du Massif du Grand Paradis. Mais ce n'est pas la seule à s'inviter près du refuge.

 

Quelques bouquetins descendent du vallon glaciaire pour paitre dans les alpages environnants. Ils sont peu farouches, sûrement grâce à la protection conférée par le Parco Nazionale del Gran Paradiso.

 

Vers 21h30, le soleil disparait définitivement du paysage. Il est l'heure d'aller se coucher. Entre l'altitude, le bruit des autres randonneurs et les ronflements, les nuits dans les refuges sont rarement très reposantes. Heureusement, nous avons la chance de ne pas dormir dans le grand dortoir du refuge. Nous avons notre propre chambre. Le réveil est prévu à 3h30 du matin pour démarrer l'ascension aux alentours de 4h15.

 

Jour 2 : L'ascension du Grand Paradis.

 

Au réveil, quasiment la totalité du refuge se met en mouvement. Rares sont les randonneurs n'effectuant que l'aller-retour au refuge. La plupart des réservations sont faites par des groupes d'alpinistes voulant rejoindre le sommet du Grand paradis. Chaque groupe part comme il l'entend. L'ascension des 1300m de dénivelés permet un relatif étalement des cordées lors de la montée.

 

 

A la sortie du refuge, il fait encore nuit. Les premières cordées scintillent dans l'obscurité et nous indiquent le chemin à suivre. Nous n'enfilons cependant pas encore notre équipement d'alpinisme. Cette année la fonte des neiges s'est accélérée. A cette période de l'année, nous devrions enfiler nos crampons et nos baudrier dès la sortie du refuge, la neige étant normalement présente à 2700m d'altitude. En cette année 2022, il n'en est rien. C'est seulement au-delà des 3000m que les premiers névés prennent place. La première partie de l'ascension s'effectue donc par la traversée d'un chaos de pierres. Grâce à nos frontales, nous zigzaguons entre les blocs de roche et nous nous élevons progressivement au-dessus du refuge.

 

 

 

Après le départ de toutes les cordées, le calme revient sur le refuge. Ses habitants peuvent reprendre leur nuit en attendant la deuxième vague de réveils.

 

Après le chaos de pierres, on s'enfonce dans le vallon glaciaire en grande partie sans neige. Habituellement nous devrions évoluer au niveau du talweg du vallon. Mais le faible enneigement rend plus périlleux la montée par cet itinéraire. Le guide nous fait donc grimper par les dalles surplombant le vallon à sa gauche. Ainsi, les groupes d'alpinistes se divisent entre les différents itinéraires d'ascension. Certains choisissent le fond du vallon (première photo), d'autres l'arêtes de la moraine et enfin quelques uns empruntent le même chemin que nous.

On approche de la barre des 3000m mais encore aucune trace du glacier du Grand Paradis.

 

Le jour commence à se lever au-dessus des Alpes grées et du Massif du Grand Paradis. Quelques sommets de la Vanoise apparaissent en toile de fond comme la Dent Parrachée, la Pointe de la Sana, la Grande Motte ou encore la Grande Casse. Quelques cirrus s'illuminent de rose au-dessus des Alpes françaises.

 

Une fois au fond du vallon, la neige se fait plus présente. On enfile une partie du matériel : baudrier, casque, crampons. Le guide ne juge pas nécessaire de s'encorder pour le moment, le risque de dévissage étant minime.

Avec la fatigue et la concentration, les visages sont souvent fermés. Les choses sérieuses commencent.

 

Les possibilités d'itinéraires se rétrécissant, plusieurs cordées se retrouvent dans le petit couloir de neige précédant les premières langues glaciaires. Nous montons à notre rythme dans une neige assez compacte.

 

La neige est compacte alors que la température n'est pas négative. Nous nous situons pourtant au-delà des 3000m, ce qui est problématique à ces altitudes et à cette saison. Mais la neige réussit pourtant à regeler. En effet, la température du névé n'excède pas les 0°C. Et donc par nuit claire, c'est-à-dire sans nuages, même si la température de l'air est positive, la température du névé ne reçoit plus de rayonnement émis par le soleil et donc de chaleur, le bilan de la température émise par le névé redevient négatif et cela permet le regel nocturne. A hauteur d'homme la température a beau être de 10°C, elle est largement négative au niveau du sol. Notre guide nous affirmait qu'il était probable que lors de notre ascension, la température du sol soit équivalente à -10°C alors que nous n'avons quasiment jamais côtoyé, lors de la montée, de températures négatives dans l'air ambiant. Le phénomène est un peu plus complexe qu'expliqué ci-dessus, puisqu'il peut également dépendre de l'humidité de l'air, mais le passage écrit en expose les bases. C'est pourquoi il est essentiel de bien se protéger les pieds lors d'une ascension comme celle ci. Ce phénomène de regel nocturne est primordial pour les alpinistes car il permet une meilleure accroche des crampons et donc un risque de chute moins important.

 

 

 

 

 

Les premiers rayons commencent à frapper quelques sommets. Sur la première photo, la Tsanteleina, la Grande Casse et la Pointe Mathews en profitent, alors que la Grande Motte est encore dans la pénombre.

Puis le roi des Alpes apparait enfin derrière la crête. On voit d'ailleurs plus facilement l'imposante falaise du Mont Blanc de Courmayeur 4748m. A sa gauche, l'Aiguille de Bionnassay 4052m. Sur le centre de la photo, il s'agit du Ruitor 3486m et de l'Aiguille des Glaciers 3816m sur sa droite.

 

L'Aiguille de la Grande Sassière brille face à nous sur la gauche.

 

On s'extirpe du petit couloir de neige pour arriver sur un replat. Le Glacier du Grand Paradis n'est plus bien loin.

 

Au fur et à mesure de l'ascension, le Massif du Mont Banc apparait davantage. De nombreux sommets sont visibles ici (de gauche à droite) : l'Aiguille des Glaciers, l'Aiguille de Tré la Tête, l'Aiguille de Bionnassay, le Mont Blanc, le Mont Maudit, le Mont Blanc du Tacul, l'Aiguille du Midi, la Dent du Géant, les Grandes Jorasses, les Drus, l'Aiguille Verte, les Droites, le Mont Dolent.

 

Entre Aiguille de la Grande Sassière et Massif du Grand Paradis.

 

Au niveau du replat, d'autres massifs se rajoutent au panorama : tout à gauche le Massif des Ecrins d'où on peut facilement reconnaitre la fière allure de la Barre des Ecrins 4102m.

 

Zoom sur la Vanoise où les Dômes du massif font leur apparition sur la gauche entre la Dent Parrachée et la Grande Motte.

 

Avant de mettre pied sur le glacier, le guide met en place la cordée. Nous marcherons dorénavant au même rythme. Nous sommes encordés relativement proches, moins de 2m de corde entre chaque personne, afin de minimiser le contre-coup d'une potentielle chute en surface ou dans une crevasse.

 

Le sommet apparait enfin face à nous, au dessus des immenses séracs du glacier qu'il nous faudra contourner par la droite. La pente se radoucit, nous rallongeons la distance de corde entre chaque personne.

 

Le dôme sommital du Grand Paradis et ses multiples pitons rocheux. On voit bien l'enchainement des cordées qui effectuent le contournement des séracs par la droite pour accéder au sommet situé à gauche.

 

Le panorama est exceptionnel depuis le col glaciaire. En regardant vers le Sud, il s'étale du Mercantour jusqu'au Massif des Ecrins en passant par les Alpes cottiennes avec notamment le Mont Viso, le Massif d'Escreins, le Massif du Chambeyron, les Alpes grées, le Massif du Mont Cenis et le Massif des Cerces. On commence à surplomber la Tresenta et le Ciarforon dont on reconnait les dômes sommitaux.

 

L'ascension se poursuit en contournant quelques crevasses puis, à l'approche du sommet, on franchit la rimaye (crevasse séparant le glacier de la paroi de la montagne) sans trop de difficultés, celle-ci restant encore bien bouchée par l'accumulation de neige. Plus tard dans la saison, des échelles seront installées pour permettre son franchissement (on les aperçoit sur la photo de couverture). Nous dépassons la barre des 4000m d'altitude.

 

 

Du fait de la forte affluence sur le sommet du Grand Paradis, les autorités italiennes ont mis en place un système en giratoire pour l'accès au sommet. Ce système est censé fluidifier le passage des cordées, la superficie de la pointe sommitale étant très restreinte. Cependant, à notre approche, certaines cordées ne respectent pas le sens d'ascension, ce qui ralentit le flux d'alpinistes au niveau du sommet. Nous grimpons tout de même doucement mais sûrement vers le sommet, en respectant le sens de montée. Nous faisons ainsi face à la principale difficulté de l'ascension du Grand Paradis : les quelques dizaines de mètres sur le rocher séparant la rimaye du sommet. La montée, tout comme la descente, de ces quelques blocs empilés est vertigineuse même si le rocher est bien équipés pour accrocher la corde au fur et à mesure de notre cheminement.

 

 

 

 

 

On commence par passer en contrebas du sommet pour atteindre une échelle débouchant directement sur la pointe sommitale.

On arrive directement sur la dalle du sommet. Une dizaine de personnes s'y trouvent, en plus de la Vierge. Le panorama s'étend de nouveau avec les Alpes suisses en ligne de mire. Nous sommes à 4058m et il est 8h25.

 

La température est exceptionnellement douce au sommet alors même que le ciel est légèrement voilé. Il n'y a pas un brin d'air. Difficile de se dire que nous sommes à plus de 4000m. D'après le guide, la température n'est pas descendue en dessous de -1°C tout au long de l'ascension.

 

Les géants suisses et italo-suisses s'élancent au Nord-Est. Parmi eux : le Weisshorn, le Cervin, le Dom, le Breithorn ou encore le Mont Rose. Tous dépassant largement la barre des 4000m.

 

On dézoome un peu pour faire apparaitre le Nord du Massif du Mont Blanc, la Grivola (au premier plan) et les Grands Combins juste à sa droite.

 

 

 

 

Le véritable sommet du Grand Paradis est au premier plan sur cette photo, légèrement plus élevé de 3m par rapport à notre position. Très peu d'alpinistes s'y aventurent, l'accès y étant plus compliqué et le terrain plus instable à en voir l'amoncellement des blocs sommitaux. Ainsi nous trichons un tout petit peu puisque la Madonna ne se situe qu'à ''seulement'' 4058m.

Derrière le sommet, le Mont Blanc se dresse fièrement.

Au Sud et à l'Ouest, le panorama reste exceptionnel. En contrebas du glacier, des lacs prennent place dans le paysage. A l'horizon, quelques sommets supplémentaires s'ajoutent tels que le Massif des Grandes Rousses, les Aiguilles d'Arves ou encore le Massif de la Lauzière.

 

Le Grand Paradis se situe au niveau de la courbe de l'arc alpin, ce qui explique ce panorama grandiose, notamment au Sud, à l'Ouest et au Nord. Sans oublier la Plaine du Pô et la ville de Turin qui sont également visibles depuis le géant valdôtain, encore faut-il que la visibilité et la pollution ne les occultent pas.

 

Sur la face Nord du Grand Paradis, le plus grand glacier du Massif, le Glacier de la Tribulation ferme le Valnontey.

 

 

L'enchainement Sud des arêtes du Grand Paradis est très esthétique avec de nombreux éperons rocheux qui défient la gravité. Ils font la spécificité et la beauté du sommet du Grand Paradis.

 

De nombreuses cordées sont encore en train de gravir le Glacier du Grand Paradis en direction du sommet. Les difficultés techniques peu nombreuses rendant l'ascension accessible pendant une bonne partie de la matinée.

Dans l'immensité glaciaire.

 

Après quelques minutes à contempler le panorama en compagnie de la Vierge, il est temps pour nous de descendre du sommet rocheux du Grand Paradis afin de laisser la place à d'autres cordées. Un bisou à Marie et c'est reparti ! C'est le moment de franchir le passage le plus vertigineux de l'aventure : une traversée en dévers de quelques mètres sur du rocher avec 500m de vide à notre gauche. C'est les guiboles légèrement tremblotantes que nous atteindrons une dalle de roche un peu moins exposée. Le sens de la cordée s'inverse : le dernier passe devant alors que le guide prend la dernière place. Cela permet à ce dernier de retenir la cordée en cas de chute ou de glissade.

 

Heureusement, le rocher est bien équipé. On voit ici l'importance du sens giratoire mis en place pour l'accès au sommet.

 

On franchit de nouveau la rimaye pour effectuer une pause bien méritée sur le glacier. Le voile nuageux s'estompe et le soleil envahit le glacier, on enfile nos lunettes de soleil, on mange un bout puis c'est le début de la longue descente vers le refuge. Nous empruntons le même itinéraire qu'à la montée.

 

 

 

 

 

Les cordées s'enchainent encore sur le sommet du Grand Paradis. Le sommet est assaillit de toute part par la foule d'alpinistes.

 

 

 

Sur les plus faibles inclinaisons, le guide repasse devant. On dévale le glacier sans grandes difficultés.

Avant de plonger plus sensiblement vers notre refuge, on passe près du croisement entre l'itinéraire depuis le Rifugio Vittorio Emanuele II (le nôtre) et celui depuis le Rifugio Chabod empruntant un vallon glaciaire plus délicat et plus crevassé.

On quitte le glacier pour retrouver les pentes légèrement enneigées. La corde n'est plus indispensable. On immortalise le moment face au Mont Blanc.

 

Pendant la descente, un petit lenticulaire vient chapeauter le toit de l'Europe occidentale.

 

 

 

 

 

Contrairement à la montée, nous poursuivons la descente dans les petits névés comblant le fond du vallon glaciaire en direction du chaos de pierres.

Nous retrouvons finalement le refuge posé au milieu de son vaste pierrier.

 

Il est 11h30 lorsque nous arrivons au refuge. La fatigue se ressent, ainsi que la faim. Un coca-cola et un plat de pâtes puis nous sommes fin prêts pour dévaler les 750m de dénivelés négatifs qui nous séparent encore de la voiture.

 

D'étranges nuages font leur apparition dans le ciel italien.

 

Le bal de lenticulaires s'agrandît au dessus de la Vallée d'Aoste. Les quelques zones d'ombre qu'ils créent sont les bienvenues.

 

 

On finit notre plongeon vers le Valsavarenche. Nos jambes languissaient l'arrivée mais la fraicheur des cimes du Massif du Grand Paradis nous a vite manqué. Et ce n'est qu'un début. La canicule la plus précoce jamais enregistrée arrive peu à peu sur la France et l'Italie alors même que la sécheresse et la fonte des neiges sont bien avancées. La saison d'alpinisme glaciaire risque d'être assez courte cette année. En ce début juin, les spécialistes affirment que les Alpes ont malheureusement des allures de fin juillet.

De notre côté, le timing a été parfait pour l'ascension du Grand Paradis, notre premier 4000. Le temps a été idéal même si l'état des glaciers alpins fait peine à voir. Il ne nous reste plus qu'à réfléchir à la prochaine conquête d'un géant alpin.


ITINÉRAIRE DE LA COURSE : 

 

  • Départ/Arrivée : Hameau du Pont - km 0
  1. Rifugio Tétras Lyre - km 1,1
  2. Croisement du Sentier vers Rifugio Chabod - km 4,7
  3. Rifugio Vittorio Emanuele II (Nuitée) - km 4,8
  4. Belvédère sur le Cirque Glaciaire - km 5,6
  5. Chaos de pierres - km 6,9
  6. Sentier sur dalles au-dessus du vallon glaciaire - km 7,7

7.  Fond du vallon glaciaire (début de l'alpinisme) - km 8,2

8.  Début du Glacier du Grand Paradis - km 9,2

9.  Croisement avec l'itinéraire grimpant du Rifugio Chabod - km 9,9

10.  Rimaye - km 10,8

11. Sommet secondaire du Grand Paradis (Madonna) 4058m - km 11

12. Talweg du vallon glaciaire - km 14,3

Le Grand Paradis Trace Gpx
Données géographiques – 61,9 KB

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